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Gisèle Pelicot, une icône républicaine ? La nouvelle Marianne n’est ni actrice, ni mannequin, mais une femme ordinaire devenue extraordinaire par les circonstances. Alors que la République cherchait un visage incarnant courage et solidarité, c’est celui de cette habitante de Mazan, protagoniste involontaire d’une affaire judiciaire retentissante, qui s’est imposé. Une héroïne malgré elle, révélée dans l’ombre d’un scandale, et désormais symbole d’un combat qui dépasse sa petite commune. Retour sur un parcours inattendu qui redonne du sens aux valeurs républicaines.
Des films amateurs par milliers : de la chambre conjugale au supermarché
Reprenons depuis le début. L'affaire commence le 12 septembre 2020 dans une petite commune du Vaucluse qui est tristement célèbre pour une affaire sordide : une série de viols étalée sur plusieurs années. Dominique Pélicot s'amuse à filmer sous les jupes de trois femmes qui font tranquillement leurs courses dans le E.Leclerc de la petite ville de province. Interpelé par un agent de sécurité, l'affaire s'enlise. Les policiers saisissent son ordinateur portable et trouve un fichier nommé "ABUS". Un nom qui fait froid dans le dos.
Ils découvrent alors des milliers de vidéos allant de 2011 et 2020 où une femme inconsciente est allongée sur le lit et se fait agresser sexuellement par des dizaines d'hommes qui auraient été contactés via le site de rencontres coco.gg, désormais définitivement fermé. Caroline, leur fille, a elle aussi découvert que son géniteur la filmait quand elle dormait en sous-vêtements. De quoi avoir peur de ce Monsieur Tout-Le-Monde qui dès la nuit tombée, se rue sur sa caméra et filme l'irréparable.
La préparation avant de tourner, une abération médicamenteuse
Dominique Pélicot, homme totalement ordinaire, à l'air bon père de famille et d'un mari exemplaire, se révèle être un véritable chef d’orchestre de la déchéance humaine. Le rôle principal ? Son ex-femme Gisèle, victime désignée d’un enfer quotidien. En toute discrétion (et à grands renforts de tranquillisants), il l’asservit à ses pulsions, la plongeant dans un coma chimique qu’il partage avec une bande de complices. Un petit club fermé d'hommes que l'on imagine aussi distingués que des membres de la "élite" locale. On y trouve des journalistes, gendarmes, militaires... des gens qui se fondent parfaitement dans la masse.
Ils opèrent sans broncher. Et tout cela, bien entendu, sans le moindre scrupule. C’est un peu comme si la morale était partie en vacances sans billet de retour. Monsieur Pélicot a trouvé son chemin dans l’obscurité et l’a emmené avec lui, alliant perfidie et absence totale de remords.
L'aveu : entre pleurs et regrets de façade
Au tribunal, Dominique Pélicot a sorti l’artillerie lourde : les larmes. "Je regrette ce que j'ai fait", a-t-il balbutié, comme un mauvais élève pris en flagrant délit. Mais difficile d’y croire. Ses regrets semblaient plus une tentative de faire fondre le cœur des juges qu’une véritable prise de conscience. Pélicot se répéta pour s'auto-convaincre comme si faire subir des violences à son ex-femme était juste un petit accroc dans une vie sinon parfaite.
La vérité ? Ces larmes étaient aussi sincères qu’un faux billet de 500 euros. Il a joué la carte des violences qu'il a subit lorsqu'il était enfant pour justifier sa passion du viol en réunion. La justice n’a pas cédé à ce numéro de théâtre et a rappelé que les regrets, même bien joués, ne réparent pas les torts.
Le procès, un épisode de Black-Mirror surréaliste
Lorsque le coupable a finalement été arrêté, le procès a été suivi avec attention par tout le pays depuis septembre. Mais le rebondissement a été pour le moins choquant : le mari a été alors condamné qu'à 20 ans de prison, ce qui n'est même pas proportionnel au nombre d'agresseurs, à savoir 51 qui eux aussi ont été jugés avec une peine qui laisse à désirer. La justice semble bien trop clémente.
Un vice de procédure a permis à l'un des prédateurs d’être libéré. Son avocat, loin de faire preuve de retenue, a jubilé devant les caméras. « Mon client est libre ! », a-t-il déclaré, tout sourire, sous les regards indignés des victimes, de leurs proches et des manifestants d'Avignon en plus de traiter les femmes de « tricoteuses » pour faire une référence à la Révolution Française. Un hors-sujet qui provoque la colère de toutes et tous. Une attitude qui a suscité une vague d’indignation et réveillé des débats sur les limites de l’éthique dans la profession.
Une inspiration pour la jeunesse, un véritable porte-drapeau de lutte contre les violences
Malgré cet épisode sombre, Gisèle a refusé de se laisser abattre. Son engagement et son message — « Ce combat que je dédie, femmes et hommes qui à travers le monde sont victimes de violences sexuelles ... Regardez autour de vous, vous n'êtes pas seul.e.s » — ont résonné bien au-delà de Mazan. Pour beaucoup de jeunes, elle est devenue une figure d’inspiration. Dans un pays où la confiance en les institutions vacille, elle incarne l’idée qu’un individu peut faire une différence.
Une Marianne qui fait preuve d'une forte résilience
Gisèle Pélicot, c'est un nom qui résonne partout. Une figure forte qui a affronté ses pires cauchemars dans cette salle d'audience. C'est une Marianne moderne. Parce que la symbolique est forte. Une femme ordinaire qui se dresse face à l’injustice, ça a de quoi réchauffer les cœurs, même les plus cyniques. Ensuite, parce que dans un pays où l’on parle beaucoup d’égalité mais où les inégalités persistent, cette histoire est une bouffée d’espoir. Enfin, ne nions pas l’évidence : la justice est lente, ne rend pas des verdicts à la hauteur des délits mais semble être plus sensible quand les médias de masse s'en mêle, par peur d'être sur la banqueroute et d'être discréditée aux yeux de tous.
Si quelqu’un doit sortir grandi de cette histoire, c’est bien elle. Gisèle, qui a non seulement survécu à l’enfer que lui a fait vivre son ex-époux, mais qui, en plus, a eu le courage de rendre publiques ses souffrances. La justice, c’est bien, mais la parole de la victime, elle, n’a pas de prix. Elle a secoué la torpeur locale, mis en lumière ce qui restait dans l’ombre. Elle est aujourd’hui une figure symbolique dans la lutte contre les violences conjugales.
Un mauvais scénario, des acteurs "déchets" et un dénouement déceptif
L’affaire Pélicot n’est pas qu’une histoire judiciaire, c’est un miroir de notre société, où l’impunité et la manipulation règnent trop souvent. Mais l’histoire n’est pas finie, elle commence à peine. Un homme a été jugé, certes, mais il reste encore tant à faire pour que de telles tragédies ne se reproduisent plus. Et à ceux qui se croient au-dessus des lois, à ceux qui pensent pouvoir jouer avec la dignité des autres : la justice, elle, a de la mémoire.
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