Anha S.L x eikimoze ⚡️ |
Avec l'apparition d'une certaine pandémie qui a renforcé les stéréotypes et les clichés sur les Asiatiques, la prise de parole a explosé. Plutôt discrets dans les années 2000, la communauté asiatique ne fait pas de vague et malgré les remarques désobligeantes entendues dans la rue, elle ne dit rien. Mais au fond, beaucoup se souviennent du jour où un professeur d'économie a pris pour exemple la seule asiatique de la classe pour illustrer la Chine. Déconcertant comme situation, non ?
Entre violence, méconnaissance d'une culture pourtant riche et fantasmes de la "Yellow Fever" à la Yann Moix, il est temps de briser les tabous et arrêter de penser que les mecs ont des micro-pénis et que les femmes sont douces et soumises avec leur "tête de lune".
Aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours été proie aux clichés ou remarques déplacées. Enfant, je n'avais pas de point de vue, j'étais baignée dans l'adage : "c'est pas grave, c'est normal", sans forcément comprendre pourquoi, je pensais que les petites brimades n'étaient que des blagues bénines qui ne m'empoisonneraient pas le coeur. On disait souvent cet adage : "qui aime bien, châtie bien". Mais quand ça devient répétitif, ça commence à piquer et à faire mal.
À chaque fois qu'il y avait une Asiatique de représenter sur une affiche ou un prospectus, on disait que ça serait moi "plus tard", alors que la personne ne me ressemblait pas. Soit c'était une musicienne ultra prodigieuse, soit c'était quelqu'un d'hypersexualisé. C'était comme si, il n'existait qu'un seul trait pour les asiatiques : petit en taille, peau semi-matte, menu.e, intelligent et silencieux. (certains ajouteraient "mangeur de riz", mais nous y reviendront plus tard).
Tout bascule lors d'un cours d'économie en première, le prof m'a prise pour cible. Pour illustrer les Chinois, leur impact économique dans le monde, et l'import-export d'allumettes (exemple atypique pour un cours), il m'a eu dans son viseur et tous les élèves se sont retournées vers moi.
Après, ça s'est enchaîné. Un flash-back m'est revenu en pleine gueule : un gamin du collège avec lequel je m'étais embrouillé sur MSN avait créé un skyblog sur moi où un drapeau du Vietnam servait d'avatar. Croyant qu'on évoluait un peu plus au lycée, je constatais une certaine régression mentale.
"C'est une blague !
T'as vraiment pas d'humour !"
Les gens ont commencé par des accents, de simples "bondour" mais ça devienait ponctuel, puis quotidien. Beaucoup disaient que j'exagérais et dramatisais sauf que c'était ultra déplacé. Et des "amis" se sont prêtés au jeu. C'était infernal et ce qui me choquait le plus, c'est que certains profs entendaient mais ne disaient rien. Leur silence encourageait inconsciemment le mépris comme ce jour où le prof d'Histoire Géographie présentait le Vietnam, une fille pourtant typée marocaine s'est retournée vers moi et a chuchoté de façon surnoise, mon nom dans le creux de l'oreille de son voisin de classe. L'éducation nationale qui prône l'égalité ne sait visiblement pas situer le respect sur sa carte. On espère que Gabriel Attal puisse mettre le holà avec toutes ses récentes réformes... et créer une sanctionne dès qu'une interjection raciste envers les Asiatiques est prononcée mais tout reste à faire.
Cependant, la débilité est plus profonde qu'une blague Carambar. Longtemps, j'ai rejeté les origines par honte et sûrement parce que je voulais être considérée comme une française et pas comme un animal de foire.
🍚 Des relations qui ont le goût piquant du wasabi...
Pendant longtemps, j'ai toujours cru que les Européens et en particulier les Français vu que c'est dans cet Hexagone malade que j'ai grandi, détestaient les Asiatiques et "les faces de citrons" comme ils les appelaient si bien.
On a comme modèle ce que l'on voit le plus souvent, à savoir des filles typées européennes, fines, qui avaient LE "boyfriend" adéquat et qui se comportaient mal avec les autres. Et c'est pour ça, lorsque j'ai commencé à m'intéresser aux relations amoureuses, j'ai vite baissé les bras. En étant victime d'harcèlement banalisé, je me suis fait une raison qui aujourd'hui est totalement stupide : les garçons de 17 ans détestent les Asiatiques et les trouvent trop moches.
Or, c'est totalement faux. Le passage en études supérieures m'a confirmé l'inverse. Mais les souvenirs douloureux résonnaient encore en moi. Comme celui de la fille de la nouvelle femme de mon père qui était sortie avec ses amis et m'avait laissé des messages vocaux condescendants en numéro masqué. Entre un accent chinois et des insultes, j'en avais pris pour mon grade. Tout comme le jour où le fils de la mère qui m'a élevé m'a dit, en pointant du doigt un groupe de touristes asiatiques qui attendait leur train à la gare :
"Tu ne t'es pas perdue toi ?
Y'a ta famille là-bas"
Le mec avait 35 ans et deux enfants. Et en plus de ça, il était fan des Miyazaki. Mais ce n'était pas étonnant, celle qui l'a élevé m'avait déjà traitée de niakouée et dès que je commandais un plat à base d'épices et de riz, elle me sortait que ce n'était pas étonnant car je venais d'un pays qui faisait partie, selon elle, de l'une des capitales de ce met...
Et c'est pour ça que tout me laissait à croire que les Français détestaient les Asiatiques malgré leur obsession pour les jupes plissées, Jeanne et Serge et le Naruto dans les udon-ramens.
🎌 Racistes mais biberonnés aux mangas et à la culture nippone.
Le créateur de Dragon Ball Z étant décédé, les fans font difficilement leur deuil. Je trouve ça hallucinant que les gens soient ultra fans des animes japonais, de la culture so "kawaii", mangent des sushis, voyage au pays du Soleil Levant et vont prendre un selfie à la Japan Expo... et sont pourtant encore titillés par le fait de stigmatiser les Asiatiques.
On se rappelle très bien lors de la période fatidique du COVID-19, qu'une lycéenne d'origine asiatique s'est faite agresser et insultée. Le racisme anti-asiatique a progressé et les violences se sont accumulées. Mais les agresseurs portent toujours des t-shirts à l'effigie de leurs héros de manga préférés. Constatez le paradoxe ! Sûrement affectée par ce phénomène, la journaliste Émilie Tran Nguyen a brossé le sujet par le biais d'un documentaire : "Je ne suis pas chinetoque". Autant dire que si ce genre de docu existe, c'est que le problème est récurrent et que personne ne conscientise l'impact qu'ont ces propos appartenant au racisme ordinaire.
" Et toi, j'imagine que tu manges
avec des baguettes !"
L'hypothèse étant que pendant leur enfance, certains fantasmaient sur les personnages ultra sexualisées (on pense à Sailor Moon) où leurs formes généreuses étaient mises en avant et leur caractère naïf transparaissait. Beaucoup baignaient dans la culture du porn très jeune et associaient cette fiction aux images explicites à leurs désirs et à ce qu'ils ont vu dans leurs mangas préférés.
Tout n'est qu'une question d'éducation. L'image des Asiatiques sympas et soumis reste et demeure. Beaucoup s'étonnent de leur existence quand ils en croisent plusieurs dans la rue et ont encore des propos déplacés mais ces derniers vont s'en fermer dans les salles obscures pour matter le dernier Miyazaki. On espère qu'ils ne se transformeront pas en vilains hérons qui regardent avec intérêt la femme en fish eyes à l'intérieur de son verre de saké... et dire qu'ils n'étaient que des lycéens.
/center>@eikimoze La surconsommation de mangas favorise-t-elle le racisme ordinaire envers les Asiatiques ? 🍥📚✨ #racism #asiatiques #communauté #ordinaire #société ♬ son original - eikimoze
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