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| @helloitsanha x Eikimoze ⚡️ |
Septembre est associé à la rentrée scolaire. Fresh start et nouveaux objectifs pour les lycéens qui appréhendent le baccalauréat et les étudiants qui, quant à eux sont en quête d'avenir. Rien n'est décisif quand on a cet âge-là et après tout, on n'est pas sérieux quand on a 17 ans comme dirait un dicton rimbaldien. Mais parfois, les choix peuvent s'avérer difficiles surtout si on appréhende l'apprentissage scolaire et son écosystème parfois tendancieux.
Apprendre des cours par coeur et ne pas voir l'intérêt puis l'objectif au bout du fil, c'est compliqué. Et quand on voit les chiffres alarmants du décrochage scolaire dont 100 000 jeunes qui quittent le système en ayant tout au plus le brevet des collèges, le constant est inquiétant.
Le COVID a amplifié ce phénomène et les lycéens de 14-15 ans qui se trouvent en zone d'éducation prioritaire et évoluant dans un contexte familial compliqué, ont pris le train en marche pour complètement se déscolariser. C'est pourquoi, Jules Simiand Brocherie a décidé de créer une plateforme, une sorte de Twitter social, pour que les lycéens et étudiants échangent les fiches de révisions entre eux.
Aujourd'hui, c'est son bras droit, Luca Lescop qui nous parle du développement d'ExtraStudent et de son application dotée d'une fonctionnalité inédite propre aux applications de rencontres mais adaptée aux étudiants et lycéens qui a pour but de provoquer la rencontre pour réviser et échanger des tips sur les sujets de littérature et société ou autres : c'est l' "ExtraMatch", focus sur lui.
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Hello Luca ! La rentrée des classes est passée, c’est une nouvelle année qui commence… Est-ce que l’équipe d’ExtraStudent est prête ?
On est largement prêts, depuis l'année dernière après le bac. On est concentrés pour la préparer, nous en interne, donc structurer l'équipe et que tout se passe bien et surtout notre projet, qui est l'application. On développe une application qui est mise à jour, toujours plus fluide, avec plus de possibilités et une nouvelle fonctionnalité qui sera super cool et qui s'appelle ExtraMatch.
“ C'est du Swipe and Match,
la méthodologie est connue mais
nous,
c'est pas du tout pour faire
des rencontres amoureuses ! ”
Le but est de reconnecter les lycéens entre eux, les étudiants entre eux et les lycéens et les étudiants. Et bien ExtraMatch, c'est exactement pour ça. Tu es lycéen, tu vas essayer de matcher avec des futurs étudiants qui vont être potentiellement dans ta promo pour te faire des copains avant même que tu arrives à la fac comme ça, tu ne te sens pas seul. Même matcher avec des gens que tu ne connais pas pendant l'année et matcher avec des gens qui ont les mêmes centres d'intérêts que toi. Le but, c'est vraiment de créer du contact entre les jeunes.
Donc ça marche bien ?
Oui, ça marche bien, on a plus de 135 000 utilisateurs et depuis qu'on est passés au JT de M6, on est à 145 000 utilisateurs. Quand on fait des passages comme ça, c'est incroyable. On a beaucoup de chance d'être médiatisés.
Depuis un an, ça cartonne. On a lancé ça en mai 2022 et depuis un an, on a beaucoup d'utilisateurs et on ne pensait vraiment pas à ça. On est toujours très ambitieux. Nous, quand on dit qu'on aura 1 million d'utilisateurs à la fin de l'année 2024, en début d'année 2025, on y croit.
“ Mais quand on crée une application et
qu'on la poste sur un store,
les barrières à l'entrée, c'est à dire
la barrière au téléchargement,
sont hyper nombreuses. ”
Le nombre d'applications qu'on a sur notre téléphone et hors réseau social, t'as que 10 % de ton temps sur ton téléphone mais on est monopolisés par des réseaux sociaux comme Twitter, Instagram etc donc aller chercher nos utilisateurs, c'est compliqué et créer une application, ce n'est pas simple.
Quand Jules a lancé l'application, il s'est lancé dans le vide. Et depuis un an, c'est la même chose mais on a vu qu'il y avait un parachute qui nous retenait à savoir le nombre d'utilisateurs qui grandissait et on a tout fait pour structurer la boite. Là, ça marche bien mais au départ quand tu ne sais pas conquérir un utilisateur, tu sais pas comment l'acquérir. Maintenant, on sait comment faire mais au début d'un projet, tu ne sais pas si ça va marcher ou pas.
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| Anha S.L – Luca et sa rentrée à Montmartre |
C'est le challenge de l'entrepreneuriat, ça ?
Oui, c'est que tous les jours, tu fais des paris, qui sont des paris importants pour la boîte. C'est en comprenant ce qui marche, en comprenant ce qui marche pas, en bifurquant, en pivotant. Mais le truc le plus important je pense, c'est de garder une identité.
On a même changé de produit. Par exemple, on a eu trois sites internet avant d'avoir l'application. On a eu plein de produit avant d'avoir le produit final. Mais ce qui n'a pas changé, ce qui fait ce qu'ExtraStudent n'a pas bougé et est resté une boîte puis que le projet a continué, c'est parce qu'on a toujours eu la même identité : pendant le confinement, pour aider les jeunes qui décrochaient scolairement. D'une part, les accompagner et surtout que ce ne soit pas nous qui les aidons et les accompagnons mais que ce soit eux entre eux, qui s'accompagnent mutuellement.
Peux-tu nous expliquer le concept d’ExtraStudent ?
Le concept est simple : Il n'y a aucun réseau social qui permet de partager du contenu éducatif. Sur Instagram, il y a en a qui partager leurs fichiers mais ce n'est pas pratique. Tu peux discuter de scolarité sur Instagram mais c'est très difficile de trouver sa communauté.
“ Nous,
c'est fait pour ça ”
Si t’as problème sur ton problème de maths, tu viens sur ExtraStudent, tu postes et en 5 à 10 minutes, tu as une personne qui te répond en essayant de t’aider. Tu cherches une fiche sur la Seconde Guerre Mondiale. T'as pas à aller sur un compte Studygram et rechercher... Nous, sur la barre de recherche, tu marques : “seconde guerre mondiale “.
Et tu as 100 fiches sur la Seconde Guerre Mondiale, tu choisis celle qui est la mieux notée, celle qui est la plus commentée. Puis tu choisis la meilleure fiche pour toi et comme il y en a plein, tu peux en choisir plusieurs.
La plus esthétique aussi ?
La plus esthétique, si tu es plus dans le visuel. Ou au contraire, si tu préfères un truc beaucoup plus Word pour pouvoir l'imprimer plus rapidement, pour le réciter plus par coeur, tu as ça aussi.
Et c'est ça la force. Vu que ce sont des utilisateurs entre eux qui s'entraident. Tu as autant de fiches, qu'il y a d'utilisateurs. On a pas mal de gens qui postent et donc, c'est une communauté hyperactive. Là, sur un réseau social, c'est à peu près 2% qui poste et qui créé du contenu. Nous, c'est 5% à 10% qui postent selon les moments.
C'est le principe d'ExtraStudent : tu as des questions sur l'école, la scolarité en général ou sur ton orientation. Tu peux venir sur ExtraStudent, tu as des réponses que ce soit celles des autres usagers ou par des fiches, du contenu qui a déjà été postés.
T'as des pages "école", si tu as envie d'être orienté, nous avons créé un salon de l'orientation numérique. En gros, au lieu d'avoir ton profil ou le mien et bien, les écoles ont leur profil à eux avec des informations hyperutiles, des stats les plus importantes, des vidéos d'immersions comme :
✏️ une journée avec un étudiant
🏀 une journée avec un ancien de l'école
📚 une journée avec le directeur général
Ce système les aide à bien s'orienter et maintenant, on a ExtraMatch.
Qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre l’entreprise et comment est venue l’idée ?
Et donc je connais Jules depuis le lancement de son projet, en 2020. C'est assez simple : Jules a créé son projet en une nuit, parce qu'il a vu le décrochage scolaire et il a pété un câble. Il a dit à tous ses potes :
“ On va prendre des fiches et
on va essayer de les envoyer
à toutes les personnes
en décrochage scolaire ”
C'est le constat de Jules. Il a créé un site sur WIX dont un truc en no-code et il a juste créé le produit, donc ce n'était pas abouti. Il fallait faire un truc et j'ai vu ça, donc 24 heures après et moi je venais de créer mon média Fast Infos, et j'ai vu ça car l'histoire était incroyable. Puis, on commençait à avoir de la visibilité donc on allait lui donner de la visibilité.
On fait une interview jusqu'à l'application d'autres potes qui s'appelle Elyzé. Le principe est de matcher ou dématcher avec les propositions des candidats à la présidentielle et après ça te donne un score. C'était un carton : 5 millions de téléchargements !
Et là, jusqu'en 2022, c'était l'interview la plus vue de Fast Infos. C'était notre première interview et également pour lui. Du coup, on est restés en contact et en 2021, on a commencé à faire des projets ensemble.
Et au retour des vacances en 2022, il m'a dit qu'il cherchait quelqu'un en communication numérique. On essaye de voir dans notre réseau qu'il y a et on s'est dit : "pourquoi on ne travaillerait pas ensemble ?"
Mais je ne rejoins pas l'entreprise parce que c'est l'un de mes meilleurs potes !
“ J'ai été toujours très sensibilisé
à l'éducation ”
J'ai une mère qui est prof et une grand-mère aussi. Bref tout le monde est prof...
Sauf toi, du coup ?
Je le serai peut-être un jour ! Mais dans mon domaine à savoir : la communication, la communication politique, numérique, le journalisme même numérique. Dans ces domaines là, je pense que j'ai des tips à donner et en vrai, j'adore la transmission.
Si tu travailles dans un réseau social, c'est que tu aimes bien transmettre aussi. Il y a un fil rouge, celui de l'éducation. On a un vrai sujet d'éducation populaire qui moi me tient énormément à coeur. Je pense que le numérique peut résoudre des problèmes insolubles dans la vraie vie, qui le sont bien plus grâce au numérique.
“ Le numérique,
c'est macro ”
Tout le monde a un téléphone portable.
Mais il y a des actions qu'on mène par exemple sur deux jours, on a offert 200 repas à 1 euro, même pas, on les a offert à la fin. On les a offert à la fac de la Vincennes-Saint-Denis à Paris 8. C'est très cool. C'est très concret.
“ Donc quand tu donnes
le plat,
tu vois la personne
qui est vraiment heureuse,
qui n'avait pas forcément de
quoi manger aujourd'hui. ”
Parce qu'il y a une vraie question aussi la précarité étudiante et donc on résout ça. Mais c'est micro, malheureusement. On a 200 repas seulement et nous, on aide plus de 135 000 personnes, c'est pas la même échelle. Et c'est important de faire les deux, nous, on croit au concret, aux actions. C'est vrai que nous, on est très engagés socialement car on a un certain impact.
Nous, on se considère comme une start-up à impact c'est à dire avec un impact positif sur la société. Nous, on est animés par ça avec Jules. Et je l'ai rejoins parce que j'avais envie d'avoir du sens comme tout le monde. Je pense que maintenant de génération en génération, on a envie d'avoir du sens.
Tu parlais de précarité étudiante, tu penses que c'est quoi ?
Il y a la précarité étudiante pure et dure c'est à dire des étudiants qui n'ont pas les ressources pour se nourrir ou loger. Et nous, on essaye de lutter contre ça en proposant de la ressource, c'est bête mais un livre ça coûte cher. Et ça coûte dix, quinze, vingt balles, c'est énorme dans un budget étudiant, c'est colossal.
“ Et si nous on peut être un hub
de ressources, de connaissances pour
pallier à ça, c'est important ”
Donc déjà, c'est comme ça que nous, on essaye de lutter un peu contre la précarité étudiante. Mais surtout, on a un vrai sujet de territorialisation. Pendant le COVID, c'était un tiers des étudiants qui étaient en décrochage scolaire. C'était le double de ce tiers là en zone prioritaire et en zone rurale.
C'est ce constat que Jules avait fait en 2020 et qui l'a révoltée. Et c'est pour ça qu'il a voulu créer une solution parce qu'au bout d'un moment, c'est facile de dénoncer et les constats, on sait tous les faire.
Donc, on est dans l'action parce que la précarité étudiante, ce n'est pas qu'économique. Il y a une vraie question lorsque tu habites dans une zone rurale, une zone prioritaire, tu as moins de moyens financiers, de ressources mais aussi intellectuels.
Alors, ce n'est pas forcément les collèges et les lycées mais on te pousse dans la voie dans laquelle où on doit aller. On ne dit pas à tout le monde d'aller en voie générale et c'est très bien car il y a beaucoup de parcours et c'est comme ça que ça doit fonctionner.
Mais on est peut être moins poussés intellectuellement par justement des effets de société, et ça va créer une précarité en plus après, puisque forcément tu ne vas pas dans le meilleur bac, les meilleures études et donc tu ne vas pas avoir le meilleur job. Il y a donc une spirale qui est hyper vicieuse.
Je trouve aussi, surtout via la stigmatisation sociale...
Exactement ! Et c'est pour ça que nous, on va là dedans. Encore une fois, on n'est pas du tout le remède à tous les maux, mais on essaie par le numérique qui est le seul outil qui est aussi grande échelle qu'on a à notre disposition. Il faut que cette jeune génération, c’est à dire c'est la génération "normale" dans dix ans, soit mieux accompagnée et pour nous, c'est le but.
Bon, sur 135 000 utilisateurs, on a 100 000 premiers de la classe pour l'instant et ce n'est pas le but mais on a besoin d'avoir une communauté pour pouvoir avoir de l'impact bien concret dans la vie de la génération Z afin de devenir une référence.
“ ExtraStudent,
ce n'est pas élitiste.
On est là pour parler à
tous les étudiants ! ”
Et on touchera d'autres styles d'étudiants dont ceux qui regardent la télé-réalité, après, il n'y a pas d'apriori sur ça car ces étudiants ont leur place sur ExtraStudent. Parce que ce sont des étudiants qui n'ont pas n'ont pas forcément toutes les ressources nécessaires, encore une fois.
Et le but : c'est que si tu veux poster, c'est trop cool si tu es un très bon élève et si tu veux avoir six fiches sur un sujet, c'est top. Mais pour des étudiants, leur objectif est d'avoir une bonne fiche et du beau contenu pour un sujet. Et c'est pourquoi, il faut répondre à ces attentes-là.
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| Anha S.L – Color their student life |
C’est vrai que l’on reçoit une flopée d’informations quand on est en cours, j’en garde plutôt un mauvais souvenir. Il fallait apprendre de façon assez académique et mécanique dans un temps record avant les DST* (devoir sur table). Ici, on a une façon ludique d’échanger et d’apprendre, pour toi, quelle est la méthode qui t’a été la plus favorable ?
Alors ce qui est marrant, c'est qu'à la base de ce réseau social scolaire ou encore une fois, je le dis, les mots "scolaire et éducation", je parle de ça toute la journée, on a deux personnes plutôt smarts, je pense qu’on n'est pas totalement débiles, mais pas du tout scolaires.
Tu as Jules qui arrêté ses études business au bout de 6 mois parce qu'il préférait avoir les mains dans le cambouis et bosser. Donc il a travaillé tous les jours sur ExtraStudent sans forcément gagner d'argent. Et moi, qui ai une licence et j'ai mes parents qui se sont battus avec moi surtout ma mère qui est instit', qui m'a tenu à la baguette.
“ Je pense qu'on a une autre
vision de l'éducation,
une vision plus de transmission ”
Les moments où j'ai le plus appris, c'est quand mes potes me faisaient réviser. Donc on a essayé de créer une application qui était hyper gamifiée, pour l'interface soit hyper simple d'utilisation, qu'elle pousse encore une fois l'échange...
Nous, on se retrouve moins dans cette façon hyper académique d'apprendre. La force de la France, c'est qu'il y a des techniques d'apprentissage qui ont fait leurs preuves et que l'on forme encore les plus grands ingénieurs. Et il y a des étudiants hyper compétents et créatifs qu'on ne pousse pas du tout. On ne te pousse pas à être Artiste quand tu es dans tes études et pourtant, c'est un chemin de vie qui est aussi bien que celle d'un ingénieur.
“ Il y a une vrai problématique
du sport et de la culture en France ”
On est politisés au sens où on a une vision de l'éducation. C'est déjà un peu politique mais on n'est pas partisans. Ce qui c'est vraiment intéressant sur la vision de l'éducation en France, je pense, qu'il y a une nouvelle façon d'apprendre avec un nouveau modèle dans les 10, 15 ans à venir.
Et je suis très favorable à ça car lors d'un voyage d'échange en Allemagne de 2 semaines, j'ai été impressionnée par le fait que les Allemands avaient 6 heures de cours mais finissent à 13h30 et fassent du sport ou de l'art.
Et il y a une vrai question de sens, d'environnement, d'écologie avec justement des activités écologiques à partir de 14 heures où on peut faire des cleaning-walks, sensibiliser les personnes qui le sont moins, travailler dans des associations. C'est pourquoi, on se positionne aussi là-dedans car c'est une nouvelle façon d'apprendre.
Mais encore une fois, on est complémentaires. Les maths et le français ne peuvent s'apprendre que de façon assez basique aussi quand même. Toutes les techniques qui permettent aux étudiants en plus grand nombre qui favorisent le savoir sont bonnes à prendre. On avance dans la bonne direction même si on a l'impression que notre pays stagne. Moi, je ne pense pas.
Par exemple, ma mère qui est instit' a fait l'année dernière un podcast qui a été grave poussé par le rectorat, donc par les institutions et par le CLEMI très exactement qui est le centre pour l'éducation aux médias à l'école. Et elle a fait un podcast avec les enfants sur le handisport à deux ans des Jeux Olympiques et surtout paralympiques à l'époque.
Et ils ont interviewé plein de personnes sur leur handicap par rapport à leur métier. Il y avait des journalistes, des adjoints au maire, des joueurs de tennis... Cela permet aux enfants d'être sensibilisés à la question du handicap et d'être aussi sensibilisés à la réalisation d'interviews avec une connaissance presque journalistique. Ça les a aidé à écrire, c'est pour ça qu'il y a une nouvelle manière d'apprendre et de nouvelles méthodes sont en train d'être poussées.
On note qu’il y a beaucoup d’élèves en décrochage scolaire et pendant la période du COVID cela a renforcé ce phénomène. Il y a 80 000 élèves qui sortent du système scolaire et qui n’ont pas de diplôme, à ton avis, comment pallier à ceci ?
Je pense qu'il y a une réforme scolaire en profondeur à effectuer, qu'il y ait un changement de paradigme où chaque élève arrive à vraiment retrouver sa place à 100 %, que les voies technologiques et professionnelles ne soient pas délaissées.
“ C'est pas parce que tu as
de mauvais résultats
que tu vas forcément finir
en mécanique et tu peux être
un super garagiste ! ”
C'est un métier qui est vraiment fantastique pour le coup et passionnant. Mais ce n'est pas valorisé à 100% maintenant.
Aujourd'hui, il y a une vraie question sur la diminution du temps d'études par jour et d'augmentation sur l'année scolaire. C'est Emmanuel Macron qui voulait réduire les vacances scolaires. Je ne dis pas que c'est la solution miracle et qu'il a raison, mais je pense qu'on va dans le bon sens si on réduit le temps d'études par jour au lieu d'être 8 heures, on passe à 6 heures, c'est largement suffisant.
Peut-être avec des blocs d'1 heure 30 car je me souviens que c'était les blocs les plus intéressants. Mais pas deux blocs 1 heure 30 car ça fait 3 heures au total et souvent, c'est inutile. Mais 1 heure 30 d'une matière, c'est très intéressant. Je pense que c'est le bon temps car 2 heures, on décroche et 1 heure, c'est pas assez pour aller en profondeur. Donc au total, 6 heures, c'est 3 blocs d'1 heure 30, c'est assez facile de mettre ça en place.
Mais c'est un changement de paradigme et de société donc c'est un peu compliqué. Le plus important, c'est que chaque élève essaye de retrouver sa place. S'il n'est pas bon en maths, ce n'est pas grave. Il sera bon dans quelque chose d'autre.
“ On est forcément bons
pour quelque chose ”
Là, le changement très pratique de modèle et d'éducation devient un modèle de société qu'on modifie. Donc, c'est vraiment des réformes en profondeur qui sont dures à mettre en place et en même temps qui sont celles qui peuvent avoir le plus d'impact, donc qui sont assez intéressantes à avoir mises en œuvre.
Je remarque qu’on est dans une société où nous avons de plus en plus de moyens de communication mais où l’on ne communique plus ensemble de façon explicite, alors, si Extra Student est le réseau social pour les étudiants et lycée, est-ce que la communication et la cohésion entre eux sont d’actualité ?
Les réseaux sociaux nous ont permis de nous rapprocher de ceux qui étaient dans d'autres continents, mais de nous éloigner de ce qui était dans notre propre maison. C'est hyper paradoxal mais c'est parce que l'humain est paradoxal. Mais en même temps, c'est un outil. Je pense qu'on ne peut pas catégoriser un outil parce que, par exemple, un râteau, ça peut te servir à juste faire la terre ou à taper quelqu'un. Sur Internet, c'est pareil, ça dépend ce que l'on fait.
“ Sur Internet, c'est pareil,
ça dépend ce que l'on fait. ”
Et les réseaux sociaux encore plus. Moi, je me suis toujours servi dans ma vie depuis l'âge de quinze ans où j'ai commencé à faire des vidéos, j'ai commencé à travailler professionnellement à 17-18 ans, mais dès l'âge de quinze ans, j'avais ma chaîne YouTube. J'ai essayé d'apprendre des choses aux gens. J'ai toujours vu ça comme une manière de pouvoir transmettre des informations ou d'éduquer.
ExtraStudent n'aurait jamais pu se lancer sans le numérique, sans Internet. Donc, je dis qu'il faut faire très attention. Le seul sujet où il faut être totalitaire et laisser absolument aucune place, i on l'utilise pour du harcèlement, on peut être très ferme et pour le coup, je pense qu'on va vers des règles de plus en plus dures.
Le harcèlement a sa place nulle part et ça fait chaque année beaucoup trop de morts. Des morts et des gens qui vont en souffrir toute leur vie, qui vont être marqués à vie du harcèlement qu'ils ont vécu.
“ Le harcèlement existera toujours
c'est la nature mais on peut réduire ce
phénomène et que les outils qui sont
à notre disposition soient totalement adaptés
pour que ça ne puisse pas se faire en ligne ”
Parce qu’en ligne, quand tu te fais insulter dans la cour de récréation, quand tu sors de la cour malheureusement en ligne, c'est macro. Elle peut se faire insulter par une personne puis par 10, puis par 15 puis par 150 000. En fait, on a beaucoup de responsabilités mais sinon ce sont des outils formidables.
Beaucoup critiquent les réseaux sociaux mais ce sont les mêmes qui disaient que la radio et les ondes ne devaient pas être libéralisées dans les années 90. Il faut aller vite dans cette idée de progrès mais il faut juste choper le moyen de communication et faire attention.
Parlons entrepreneuriat. Comment avez-vous fabriquer cette application ?
Alors, le but ce serait à terme, même si pour l'instant ce n'est pas en développement, d'avoir même une messagerie interne où les gens pourraient discuter. Nous, on est pour l'intelligence artificielle. Et tu vois par exemple, il y a plein de fonctionnalités qui pourraient être avec l'intelligence artificielle. Par exemple tu n'as pas de réponse, tu pourrais déjà avoir une première pré-réponse d'un bot. Mais le but encore une fois, c'est de créer du lien entre les gens, donc pas avec un bot.
Donc le but, c'est vraiment de créer une messagerie où les étudiants entre eux vont discuter comme les DM Insta. Il y a ça mais actuellement il y a le forum. Sur le forum tu poses une question, tu peux répondre, tu peux me répondre... et ExtraMatch, tu matches avec des gens, tu as leur profil avec leur Instagram. Donc si tu veux leur envoyer un message, je peux aller leur envoyer un message. Oui, le but c'est quand même qu'ils discutent entre eux et il y a des fonctionnalités pour ça.
Surtout sous cette « forme » et pas par exemple celui d’un média traditionnel ?
C'est toute cette politique de "c'est pas descendant, c'est pas nous qui disons". Un média, c'est descendant, c'est toi qui donnes l'informations et t'écoute forcément ton audience mais c'est toi qui prends la parole devant un bon nombre de personnes. Et c'est pas du tout le but d'ExtraStudent puisque c'est une plateforme, un endroit, un espace où tu échanges.
100% ! et elle le restera toujours. C'est le message le plus important. Elle s'est construit cette application pour aider les élèves qui étaient en décrochage scolaire et souvent ces élèves là, étaient dans les zones rurales.
Le message le plus important :
“ L'application est et restera toujours,
c'est une promesse, gratuite. ”
Parce qu'à la base, pourquoi on a voulu que ça, c'était pour aider les gens qui étaient dans les zones prioritaires et les zones rurales qui sont des étudiants. En plus, ce ne sont pas ceux qui ont le plus de moyens. Le but, c'est de rendre l'éducation accessible à tous, pas accessible à tous, monnayant 5 € par mois !
Donc on gagne 0 euro grâce à l'utilisateur c'est à dire ce n’est pas lui qui nous donne de l’argent. On gagne de l'argent de façon transparente d’une autre façon :
☀️ Les données, il y a une vraie question là dessus. Nous, évidemment, on est RGPD compatible parce que tu ne peux même pas exister sans ça, et c'est simple, on aide les étudiants à s'orienter aussi grâce à leurs données. Ils nous disent qu'ils veulent faire de la communication l'année prochaine, qu'ils sont au lycée, qu'ils habitent à Paris. Nous, on a plein d'écoles de communication qui nous connaissent. On est un peu le lien avec eux et qui nous disent : “qui veulent faire de la communication ? envoyez-nous un fichier de 500 personnes comme nous, on peut leur montrer notre offre”. Et évidemment, même si c'est commercial, publicitaire, c'est important qu'ils aient toutes les offres. C'est cool pour eux mêmes, qu'il y ait des offres qui soient compatibles avec leurs objectifs.
Et ce n'est pas un produit de l'éducation. Même des marques comme Maped ou n'importe quel produit par exemple ne peut pas acheter nos données. Nous, c'est pour l'orientation des élèves et il faut que ça soit une plu-value pour eux.
🌻 Le deuxième modèle économique, ce sont les écoles et ce sont des pages d'écoles. Pour avoir une page d'école sur l'application ExtraStudent et rejoindre le plus salon de l'orientation numérique et c'est monnayé évidemment. Mais ce n'est rien comparé à des salons de l'orientation. Parce que les salons de l'orientation, ici, il y a énormément de problèmes. Et donc ça stigmatise deux franges de la population : les zones prioritaires et les zones rurales.
Pourquoi ? Parce qu'évidemment, ils n'ont pas le réflexe. Parce que socialement, ils ne sont pas poussés, même à l'école, ils ne sont pas poussés à aller dans ces salons de l'orientation. C'est à Paris, Porte de Versailles et ce n'est pas forcément à côté de chez eux et encore plus pour les zones rurales puisque c'est plus de 250 kilomètres à faire en voiture.
“ Ça coûte de l'argent
de faire
500 kilomètres
aller-retour
et c'est une vraie
barrière à l'entrée ”
Alors que nous, c'est accessible sur un téléphone portable en 3 secondes et c'est gratuit. Et tout de suite, les barrières à l'entrée sont moins nombreuses et donc on monnaye ça avec les écoles.
On va chercher l'argent là où il y a de l'argent et là où on veut nous en donner, on n'est pas la pour raketter les étudiants. Les écoles sont heureuses de bosser avec ExtraStudent, une start-up qui est éthique et qui essaye d'avoir de l'impact.
Donc le modèle est finançable et réalisable. C'est hyper important dans une start-up d'avoir mis de l'argent et d'en avoir de plus en plus pour construire le projet. Et que cela soit équitable c'est à dire partager les mêmes valeurs.
Voilà comment on se finance et c'est un modèle hyper éthique.
Il y a pas mal de disparités sociales entre les lycéens et étudiants. Même si tous ont un smartphone, beaucoup n’ont pas l’information directement car les objectifs ne sont pas les mêmes. Alors, comment faire pour qu’Extra Student devienne une référence dans le système scolaire ?
Bonne question ! On ne l'est pas encore. Dans les tips de rentrée, on est une référence mais on peut faire un jeu. On peut demander à Montmartre à 150 personnes si quelqu'un nous connaît et il y a peut-être une personne qui nous connaît donc on est pas encore une référence par définition.
Si on demande à 50 lycéens, là, tu n'as qu'un ou deux lycéens qui nous connaît. Le jour où on sera une référence, ça sera 50 qui connaîtront ExtraStudent. Il faut être très terre à terre et il se rend compte de la réalité, c'est important.
“ Mais par contre de l'autre côté,
c'est de le devenir ”
Et pourquoi on peut le devenir car je trouve que dans le domaine de l'éducation, il y a trop de limites. Donc tous les projets qui existent pour l'instant, c'est que tu peux ne pas devenir une référence dans le domaine de l'éducation juste en faisant du tutorat.
Car les clients que tu touches, ce sont juste des gens qui ont besoin de tuteurs et tu ne peux pas devenir la référence dans le domaine de l'éducation, genre, LA référence. Les sites comme Schoolmov, un site de fiches préfaites, ont des limites comme dans tous les concepts. Et les limites, ce sont les consommateurs eux-mêmes qui se les imposent.
Nous, on peut mettre plein de fonctionnalités pour que le parcours utilisateur soit plus sympa. Mais le but est d'être une plateforme d'échanges. Le plus difficile, c'est d'avoir les 100 000 premiers utilisateurs. Aujourd'hui, une communauté se répond et que ce modèle marche, ça va être hyper vertueux.
Plus il y en a qui entendront parler de ça, plus ça marchera et plus il y aura plus d'utilisateurs qui répondent. Ça va faire un effet boule de neige.
“ Le réseau social
n'a aucune limite
par définition ”
Dès le départ, Jules a pensé à l'application. Il a été visionnaire et a présenté le projet à plusieurs personnes. C'est un type brillant et c'est pour ça qu'il est à la tête d'ExtraStudent puis qu'on lui donne autant de confiance.
On n'est pas juste une plateforme où on met des fiches, on est un vrai réseau social. Et on espère devenir le réseau social de l'éducation, plus précisément des lycéens et des étudiants. Nous ne sommes pas là que pour l'éducation puisque les lycéens et les étudiants entre eux traitent de toutes sortes de problématiques entre eux.
Au vu de l’augmentation des fournitures scolaires avec l’inflation, peut-être que l’application peut s’élargir pour proposer des bons plans, non ? En soit, quelle serait l’extension économique et sociale de l’entreprise pour qu’elle ait davantage d’impact ?
C'est le but qu'on ait un impact concret dans la vie des gens. L'année dernière, on avait offert 50 € à des jeunes qui passaient dans la rue pour les réseaux sociaux, pour qu'ils fassent leur panier de rentrée. C'est parce qu'on était tout petits et qu'on n'avait pas beaucoup de moyens. Le but, c'est qu'à terme, ça sera peut-être pour la rentrée prochaine, qu'on soit un vrai acteur qui permette de d'avoir des fournitures moins chères, pourquoi pas proposer en tout cas.
“ Il y a un vrai sujet
d'être dans le concret ”
Mais ça peut être dans le numérique. Par exemple, ceux qui utilisent le plus ExtraStudent, ils gagnent des points et quand ils passent des "paliers", il peut y avoir des places de ciné, des bons pour aller dans n'importe quelle grande surface, pour aller chercher ses fournitures scolaires. Le but, c'est d'aider ces gens mais pour l'instant, nos moyens ne sont pas illimités que ce soit humains ou économiques.
On essaye de faire déjà ce qu'on fait en bien, à savoir le numérique. Mais on voudrait avoir à terme une politique RSE qui permette vraiment d'aider les étudiants sur toutes les problématiques. Donc ça va dans le sens où je te donne une réponse qui n'est pas du tout concrète parce que, en même temps, il faut aussi avoir les pieds sur terre.
Pour l'instant, on ne l'a pas cet impact mais on a plein de partenariats en tête. Cependant, plus on peut faire économiser de l'argent pour des services utiles aux étudiants, plus on va pousser. C'est l'un de mes grands défis justement en tant que directeur de la communication et de marketing, c'est de pousser ça, parce que je pense que sincèrement, qu'il y a toute une phase de la communication et de la du marketing éthique.
C'est sexy de dire que quand tu as un nombre de points, tu gagnes des places de cinéma. Donc ça, c'est marketing. Mais de l'autre côté, ça a vraiment un impact concret, réel et on travaille dessus.
Encore une fois, le numérique c'est macro. Comment on arrive à toucher Monsieur et Madame Tout-le-monde très facilement avec le téléphone portable et une fois qu'on a passé cette barrière à l'entrée et que nous aussi, qu'on peut se permettre de faire des opérations, là, on le fera.
Une phrase qui motiverait les lecteurs et lectrices d’Eiko à partager ses fiches ?
On a tous galéré à un moment de notre scolarité, qu'on soit premier ou dernier de classe et on a tous cherché parfois un pote à qui on pouvait parler de ces sujets là. Et maintenant, ce n'est plus le pote mais c'est ExtraStudent ! Ça change la donne psychologiquement parlant, parce que dans 5 minutes, tu as une réponse, une sorte de bouée de sauvetage.
Donc en postant des fiches, en répondant et en ne faisant pas que consommer du contenu mais en participant aussi en créant aussi du contenu parce que ça aide très concrètement les gens qui en ont besoin à ce moment-là.
On ne le voit pas forcément parce que c'est numérique, mais c'est très concret.
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