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Eikomania

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Sommes-nous des Barbie post-modernes prêtes à être remises dans notre boite de Tradwife ?

@helloitsanha x Eikimoze ⚡️

Née en 1959 et vendue 3 dollars, déjà, ça en dit long sur la consommation de masse et le patriarcat de l'époque. Post Seconde Guerre Mondiale, tout s'industrialise et s'accélère même la consommation des corps de chair et de plastique. Inspirée par une poupée sensuelle, blonde, à la peau blanche et aux traits érotisants, fantasmes, et utilisée par des adultes et par les hommes, Bild Lil n'était pas faite au départ pour les enfants. Et cela s'est démocratisé avec les créateurs allemands de Toy Mattel qui ont voulu faire plaisir à leur fille Barbara en créant la première Barbie qui deviendra un succès planétaire en mettant au placard les poupées aux visages ronds et aux côtés enfantins qui formataient les codes de la beauté et de la norme. 

Alors, est-ce que le revival de Barbie version 2023 – où Margot Robbie prête ses traits à la célèbre poupée – va-t-il casser l'image lisse d'une fille hypersexualisée et de la femme-objet ? Même si, dans cette société qui tend à avancer, même lentement, le patriarcat est pointé du doigt mais mérite qu'un vrai coup de projecteur mette en lumière les déviances sociales causées par de simples jouets. 

De plus, ayant l'impression que le mouvement post #MeToo devient de plus en plus difficile à rester en place, la trend des Tradwives sur TikTok vient amplifier et conforter ce système très masculinisé où le droit à l'avortement, la liberté et la place des Femmes en général sont remis en question.

Dans notre quotidien, cette tendance s'applique, la masculinité toxique et le "male gaze" banalisé viennent s'immiscer dans nos relations où les hommes pensent davantage à consommer et à collectionner plutôt qu'à construire quelque chose de sérieux. 

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🌻 Anecdote qui conforte à l'idée que la femme est une poupée qu'on garde sous le coude. 

*Les noms ont été changés

Il est vrai qu'aujourd'hui, le schéma classique de la famille a été bouleversé par certains codes : plus de liberté, changements des moeurs, études plus longues ce qui mène à une entrée dans la vie active plus tardive, l'adoption de la pilule contraceptive en bref, il y a pas du bon comme du mauvais.

Les sites de rencontres ont renforcé cette sur-consommation des rendez-vous et des cinq à sept et comme dans un supermarché, le choix est si dense qu'il est difficile de se prononcer clairement. 

Arthur* était un garçon sympa de trente-ans mais sans plus. Venant d'une famille modeste où ses deux parents ont été élevés dans la classe ouvrière, il n'avait pas d'ambitions particulières et reproduisait le schéma "normal" : avoir une première copine qu'il garderait potentiellement toute sa vie, un métier qui ne le passionnait pas mais qui permettait de remplir les assiettes et une routine qui ne le faisait pas rêver mais que bon nombre de personne aujourd'hui souhaiterait, notamment pour sa simplicité et la non-prise de tête par rapport aux postes de cadre très bureaucratiques où le seul enjeu est de faire à longueur de journée des tableaux Excel. 


Un changement s'est effectué dans sa vie en montant à la Capitale pour vivre la vie d'un George Duroy. Emportant ses principes dans son balluchon, il les a vite oubliés sur le bord de la route pour prendre le train en marche qui l'amènerait vers la ville où tout est possible. 

Son schéma fût brisé et l'ascenseur social l'a fait monté un peu trop haut : entre le lâcher prise, l'alcool dans les soirées néo-mondaines où il faut se montrer pour gonfler son égotrip et la consommation de la chair, Arthur n'était plus le petit campagnard "boring" au destin tout tracé. 

Mais voilà, qu'après de multiples "conquêtes", comme il les appelait, il en venait à être fatigué. 

" Je sais même pas pourquoi 
je suis là ! "

...s'était-il en scrutant l'appartement de l'un de ses one-shots pour qui, il n'avait pas plus de considération que ça. Il n'avait même plus envie d'être en soirée et ne savait toujours pas ce qu'il faisait là, à écouter les dires et les sornettes égocentriques des uns et des autres. 


L'excès : + = - en soit, plus tu consommes, moins tu as d'envies (ou d'intérêt).

Mais Arthur avait rencontré par hasard une fille, Noémie*, qui lui tenait tête et ne cédait pas à son côté impulsif et sa volonté de consommer à outrance. Ça lui convenait mais n'était pas prêt à s'engager avec notamment parce qu'il traversait sa crise de la vingtaine et que la peur d'être limité dans ses choix le faisait flipper. 

Il voulait à la fois le beurre, l'argent du beurre et les fesses de la crémière. En soit : avoir des enfants, une stabilité tant financière qu'émotionnelle et d'avoir quelqu'un qui l'attend sans forcément trop broncher, le rassurait mais en voulant conserver sa liberté, il prenait un risque.

Peut-être de l'inconscience ou du "je-m'en-foutisme", mais en tout cas, il faisait tout pour garder le lien ou du moins l'avoir en back-up : 

"Au cas-où"

Nos grands-parents avaient ce genre de pratique. Ils se mariaient, avaient des enfants mais beaucoup d'hommes de bonne famille allaient voir ailleurs. Tout le monde le savait mais personne ne disait rien. Les femmes s'occupaient des enfants, les maris allaient travailler et passer du bon temps avec leurs diverses amantes. 

Aujourd'hui, rien n'a changé ou plutôt, tout s'est banalisé. On ne cache plus le fait que de consommer, c'est mal. C'est devenu normal. Comme le fait d'être en "relation libre" qui dans un sens ne pas dire grand-chose, car comme Arthur, en faisait ce type d'interjections, il banalisait la situation. Si on avait un décodeur, cela se traduirait par : 


" Je vais voir ailleurs, 
t'es bien mon genre, 
 belle et tout, 
je t'apprécie bien mais
 je t'ai rien promis 
et si je trouve mieux ailleurs
 tant pis pour toi
mais parfois si je te ghoste 
bah encore une fois, 
 je t'ai rien promis 
 je t'aime bien
mais j'ai besoin d'aller voir ailleurs 
pour l'instant, on verra plus tard"

La tendance de la Tradwife n'est pas une légende urbaine, ni une illusion due à un scrolling trop intensif sur TikTok. Elle a toujours existé et pour beaucoup de femmes qui se sont échappées de cette boite trop patriarcale, fabriquée par des conventions sociales, et à l'instar du film Barbie sorti sur nos écrans le mois dernier, une majorité d'hommes veulent qu'elles reviennent sagement à leur place, à savoir celle d'une poupée moderne mais pas trop. 

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