@helloitsanha x Eikimoze ⚡️ |
Quand on parle cinéma, on fait souvent référence à Tarantino, Spielberg et aux films cultes comme Indiana Jones en passant par Sex, Mensonges et Vidéos mais aussi par l'univers de Miyazaki et des Studios Ghibli.
Intellectualisé, controversé, désiré, le cinéma en fait rêver plus d'un avec son univers à part entière, ses festivals où les cinéphiles dévorent les pixels sur cet écran large et dont les critiques de films exercent une course contre la montre pour pouvoir écrire sur ce qu'ils viennent de vivre. L'expérience du septième art animé par Hollywood et les Nouvelles Vagues, commençant avec le muet pour aller au parlant, du noir et blanc à la Technicolor, parfois certains métrages mériteraient d'avoir un vrai coup de projecteur.
Mais c'est avec le nouveau format Reco'Express de la team de cinéphiles et cinéastes, B2Ciné, qu'on pourra se refaire une culture cinématographique au complet : blagues, punchlines, extraits clivants, Valentin et Mawuéna, le duo qui ne se sépare plus depuis l'école de cinéma, a trouvé une recette gagnante pour happer l'attention des internautes à l'air des réseaux sociaux et d'un TikTok, premier partenaire du Festival de Cannes, faisant office de force de frappe majeure dans une communication tendancieuse.
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Hello les gars ! Ça va ? Où est-ce qu’on est aujourd’hui ?
Valentin Denis : Hello Anha ! Ça fait longtemps qu'on ne sait pas vu depuis nos cours de
ciné, content que tu sois sur notre tournage ! :)
Le temps est passé, les projets aussi mais finalement on a la même envie qu'il y a 7
ans !
Mawuéna Lawson : Salut Anha ! Ouais ça va. Depuis qu'on a fini l'Eicar, il s'en est passé des choses.
Plein de projets et toujours une envie de concrétiser notre passion commune: l'audiovisuel !
On s’est rencontrés à l’école de cinéma à Paris mais pouvez-vous vous présenter
aux lecteurs d’Eikomania ?
Valentin : Bien sûr ! Moi c'est Valentin, je suis le fondateur de la chaîne Youtube et
association Bande2Ciné. Je suis réalisateur, chef opérateur et directeur de
production de cette joyeuse (ou folle) petite équipe avec mon comparse Mawuena.
Mawuéna : Alors, je m'appelle Mawuéna, je suis le co-fondateur de la chaîne Youtube et
association Bande2Ciné avec mon ami Valentin, que j'ai du coup rencontré à l'Eicar. A côté,
je suis scénariste, réalisateur et monteur, ainsi que responsable du pôle éducation à l'image et
de plusieurs émissions.
Anha S.L - Valentin Denis x Mawuena Lawson "Le game de B2Ciné" |
On va parler de cinéma et de réussite parce que ça fait 10 ans qu’on a
intégré notre première année à l’école de ciné et qu’aujourd’hui, on est là à
faire une interview sur ce que vous avez construit. D’ailleurs, c’est quoi
Bande2Ciné concrètement ?
Valentin :
Bande2Ciné c'est une association de vulgarisation audiovisuelle.
Concrètement nous produisons des documentaires ou émissions autour du cinéma,
de l'animation, des jeux vidéos, bref de l'audiovisuel en général sans distinction
d'époque, d'origine ou de format.
Mais cette année nous travaillons aussi sur la production et l'accompagnement de
fiction originale. Et notre premier projet est le court-métrage Monsters de Mawuena.
Et cette année est une année bien
spéciale car nous suivons et produisons notre première fiction originale. A savoir
"Monsters", un court-métrage fantastique que j'ai écrit et que je prévois de réaliser
avec l'équipe cet été.Un projet centré sur une louve-garou, Joëlle, qui est traquée et
poursuivie par une organisation secrète dans les bois... Suspense...
Pourquoi avoir fait ça ?
Valentin :
Personnellement je suis un très (trop) grand consommateur de vidéos YouTube mais
je trouvais que ça tournait toujours autour des mêmes références.
J'avais envie de parler de tout ce que j'aime, que ce soit la nouvelle vague française,
la japanimation ou les jeux vidéo. Et en parlant de ça autour de moi je me suis dit
qu'on pouvait rassembler nos références, nos backgrounds culturels et nos idées de
réalisation en commun pour montrer la diversité que l'audiovisuel a à nous offrir !
Mawuéna :
Pour être honnête, c'est parti sur un coup de tête. Un délire entre amis. On avait juste envie
de parler de ce qui nous passionnait. On était certes pas réguliers dans les sorties de nos
émissions, mais au moins ça rassemblait nos sensibilités pour montrer toute la richesse de
l'audiovisuel.
Valentin :
D'emblée l'idée était que tout le monde puisse participer à l'élaboration des vidéos
(écriture, mise en scène, présentation...). Mais on donne aussi la possibilité à toutes
et tous de se former ou de tester de nouveaux postes. Pour un cinéma vraiment
collaboratif et collectif, moins sclérosé ;)
Mawuéna :
Notre idée de base, avec Bande2Ciné, c'est avant tout de former une équipe. Qui puisse
ensuite accompagner des projets et les mener à bien. Et pour cela, on a décrété que tout le
monde puisse ajouter sa pâte et proposer des idées. Et surtout que chacun puisse apprendre et
se former.
Anha S.L - Mawuéna "Video games shot" |
Valentin :
J'ai du mal à me définir comme critique ! J'en lis ou en regarde quasiment jamais.
Donc je ne connais pas du tout le Cercle de Canal !
Ce qui m'intéresse surtout c'est l'histoire des œuvres. À quel moment elles ont été
faites, par qui, quelle est son histoire ? Et surtout on ne voulait pas faire de la critique
au sens propre du terme car c'est déjà bien saturé et dans tous les cas ça ne nous
intéressait pas.
Mais pourquoi pas un jour sur une chaîne annexe ou dans un autre format ?
Mawuéna :
Alors dans un premier temps, je n'ai jamais vu le Cercle de Chez Canal, du coup je ne pourrais pas te partager mon point de vue là-dessus, sorry.
Ensuite, l'idée de base ce n'était pas tant de faire des "critiques" de films ou de séries comme
on en voit beaucoup de nos jours. Mais plutôt de replacer les œuvres que l'on aborde dans
leur contexte de fabrication (l'époque, les artistes concernés, les moyens mis en place...)
Comment intéresser la jeune génération au cinéma de genres car souvent, on associe ces films très spécifiques à la classe intellectuelle, élitiste et pas très accessible ? On peut détruire ces préjugés.
Valentin :
Je pense qu'il faut savoir aller vers le public, qu'importe l'œuvre. Il faut connaître son
public, s'y intéresser, être le plus investi et inventif. Mais surtout ne pas oublier que
c'est un marathon sur le long terme, c'est épuisant.
Le rôle des réseaux sociaux est évidemment important mais il faut aussi aller vers les
espaces culturels ou associatifs comme les médiathèques, les collèges et lycées, les
tiers lieux et tous les autres lieux sociaux.
N'oublions pas que si les films échouent autant au box office ce n'est pas juste parce
que "les jeunes sont trop bêtes" comme a bien aimé le dire Ridley Scott et bien
d'autres. Les jeunes sont bien plus curieux qu'on ne pourrait le croire !
Je me souviendrais toujours dans mon service civique j'avais projetté HabemusPapam de Nanni Moretti à une classe de 4e. On m'avait dit "c'est trop compliqué
pour eux, ils comprendront rien, en plus tu leur mets un film qui parle de religion,
c'est pas un film pour les collégiens, je ne le passe même pas à des terminales !"
Sauf qu'au final les collégiens se sont retrouvés dans le personnage de MichelPiccoli car ils se sont vus eux, à 14 ans, devoir faire un choix sur leur avenir alors
qu'ils ne le savent pas, et la société qui leur répète. Exactement tout le propos du film
en fait.
Mawuéna : Tout simplement en créant de l'événement. C'est ce que j'ai retenu lorsque nous avons tourné
notre première web-série "Cinéma(s)" qui traite de l'évolution du 7ème Art par rapport à
l'expansion et au développement des plateformes de streaming et SVOD. Les cinémas
indépendants, qui se trouvent être les plus menacés aujourd'hui par cette "crise" du cinéma
avec tous les contenus qui sont disponibles immédiatement, redoublent d'efforts pour créer
des débats, des activités, des rencontres pour tous les publics suivant les œuvres concernées.
Et c'est, en partie, ce pourquoi nous avons créé l'association. Pour justement cultiver le
rapport d'une œuvre avec son public, quelque soit la thématique abordée. Par exemple, avec
"Monsters", il est question de l'identité et de la transformation physique. Des thématiques très
actuelles notamment avec la question du genre. L'objectif étant de faire pour le coup un film
"de genre" mais aux thématiques sociales. Et il existe tout un tas de films français "de genre"
qui utilisent cette approche.
Je me souviens par exemple avoir regardé le tout premier film de Ridley Scott de ma
vie, "Les Duellistes", lorsque j'étais encore au collège. ça avait beau être un film
"mature" et destiné à un public restreint, tout de suite, j'ai été happé par cette histoire
d'honneur.
Les jeunes ont tous un regard sensible et un point de vue intéressant sur le monde
d'aujourd'hui. Il faut juste bien savoir l'éveiller et le travailler.
Valentin :
J'ai été biberoné entre les blockbusters et comics américains, l'intégral de Belmondo
et les comédies françaises puis par Satoshi Kon, Edgar Wright et Orson Welles
Pour moi l'accessibilité du cinéma et sa technique sont primordiales. Ça me saoul
tous ces films où le son est mauvais ou qui font du théâtre filmé. Le cinéma c'est
aussi et avant tout un art technique, du rythme et de l'image. Qu'importe la forme
mais j'aime les films qui testent ça.
Mawuéna :
J'ai beaucoup grandi avec le cinéma d'animation, surtout américain. Après je me suis tourné
vers d'autres types de cinéma: la nouvelle vague française, les polars, le cinéma asiatique et
notamment le cinéma d'animation japonais, sans pour autant laisser les films à grand
spectacle qui ne sont pas dénués de sens. Je pourrais te citer parmi eux quelques-uns de mes
films préférés qui sont: "Toy Story", "La nuit américaine", "Pacific Rim", "La Tortue Rouge",
"Drive", "2001 L'Odyssée de l'espace", "Balto"...
Et quand on parle de "pires" films, bien sûr, tout dépend de la sensibilité de chacun. Mais si je
devais t'en citer un et que j'ai vu récemment, il s'agirait de: "Jurassic World III" !
Est-il possible pour vous de vivre avec un acteur-actrice en colocation ?
Valentin : Ça me ferait encore plus de projets à développer, on finirait par devenir fou !
Mawuéna : Houla, ça n'aidera pas forcément à avoir du recul sur les projets que je mène !
Anha S.L - Valentin Denis "Nintendo vibes" |
L’école de cinéma formate ça c’est clair, alors est-il possible de réussir
dans l’industrie du 7ème art sans faire d’école ?
Valentin :
Absolument ! Tout dépend déjà de la sensibilité et des postes de chacun.e. L'école
ça peut être bien pour découvrir des métiers qu'on aurait jamais pensé faire ou bien
se faire des contacts mais parfois c'est mieux de se construire tout.e seul.e ou avec
les expériences professionnelles. En fait c'est comme toutes les écoles : tu finis par
apprendre en étant dans le monde du travail.
Mawuéna :
Yes, beaucoup de cinéastes très talentueux ont réussi à se faire une place dans le cinéma sans
passer par une école.
Après, l'école de cinéma est faite avant tout pour se créer un réseau. Car c'est le réseau qui te
fait travailler dans ce domaine là. Car, tu as beau avoir du talent, si tu n'arrives pas à trouver
les bonnes personnes avec qui tu pourrais l'exprimer, c'est peine perdu.
Valentin : De s'être rencontrer et d'avoir rencontré l'équipe qui nous suit ! Parce que faire
Bande2Ciné seul j'aurais abandonné depuis plein longtemps sans doute...
Mawuéna : Eh bien d'avoir rencontré Valentin car sans lui, je ne serais probablement pas là
aujourd'hui...
Valentin :
Truqué je ne dirais pas ça.
Par contre ce n'est pour moi pas un festival de cinéma mais un festival de m'as-tu vu.
Le nombre de personnes qui vont voir les films et qui finissent par scroller sur leur
téléphone "juste parce que j'ai été invité" déjà ça montre à quel point le cinéma n'est
pas vraiment au centre de l'événement. C'est trop showbiz, suffit de voir comment
Cannes fait de l'oeil aux blockbusters américains pour se faire plus de visibilité.
Et puis depuis la réaction de Frémaux suite à l'affaire Haenel qui dit "que Cannes est
un festival pour toutes et tous" tu comprends que Cannes n'est définitivement pas le
lieu du cinéma pour toutes et tous.
Mawuéna :
Plus un lieu de copinage, je dirais.
Parce que "truqué", on aurait quand même pas des films venus du monde entier
interdits dans leurs pays d'origine et que le festival permet de mettre en valeur.
Après, il est vrai que niveau politique, la position du festival est assez discutable.
Valentin :
En dehors de notre premier court-métrage de louve-garou Monsters, nous
développons activement nos réseaux sociaux au travers un format court
hebdomadaire appelé RecoExpress. On essaie de présenter et recommander une
œuvre audiovisuelle de tout horizon sans valeur de jugement. Et sinon nous allons
reprendre nos vidéos plus longues. On n'a juste jamais assez de temps pour
développer toutes nos idées !
Mawuéna :
A côté du court-métrage de louve-garou "Monsters", nous sommes à fond sur un nouveau
format court, "RecoExpress", où chacun recommande pendant une minute une œuvre
rattachée à l'audiovisuel suivant une thématique spécifique. Et nous prévoyons aussi de
reprendre nos formats longs.
Après, à titre personnel, je travaille sur d'autres projets de fiction avec notamment Sarah Pëarce, la chargée de production de "Monsters" et sur lesquels Valentin pourrait jouer un
rôle clé !
Valentin :
"Si tu veux filmer tu as juste besoin d'un truc qui filme" comme le dirait Orelsan ! (Oui
on a les réf qu'on a).
Et surtout : essaies, échoues et réessaie ! C'est plus facile à dire qu'à faire mais tu
ne fera jamais un chef d'oeuvre du premier coup. Il faut y aller par étape en testant
chaque fois de nouvelles choses, mais pas en faire trop d'un coup.
Mais surtout réfléchis bien à comment tu veux diffuser ou faire vivre ton film après le
tournage ! Car un film ça vit après le montage et on dépense toujours toute l'énergie
sur l'écriture ou le tournage. C'est une mauvaise idée car on n'a non seulement plus
l'énergie pour le faire vivre mais en plus on a l'impression d'avoir fait tout ça pour
rien. Alors ne passes pas trop vite au projet suivant ;)
Et si tu as besoin de conseils ou de suivi, viens nous contacter !
Mawuéna :
C'est totalement possible ! Comme le dit Jean-Marc Culiersi, notre ancien prof à l'Eicar et
avec qui nous travaillons régulièrement, il est question de: "frugalité". Et un réalisateur qui
illustre pour moi le mieux cet aspect-là c'est John Carpenter.
Et de toute façon, il faut que tu fasses les choses. Que tu les concrétises. Tant pis si c'est pas
bon du premier coup, tu pourras toujours être fier de toi car tu l''auras fait. Si tu ne te lances
pas, tu seras rongé par les regrets de n'avoir jamais essayé.
Du coup, fais et améliores-toi par la suite et gagne en expérience !
Valentin : Merci beaucoup pour votre lecture et surtout aimez le cinéma que vous aimez,
quelqu'un soit. C'est le plus important !
Mawuéna : Merci beaucoup de nous avoir lus et vive le cinéma et l'audiovisuel !
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