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Eikomania

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Auriane Dumesnil, co-fondatrice de Pépite Sexiste nous livre les backstages du marketing genré

@helloitsanha x Eikimoze ⚡️

Depuis notre enfance, nous avons l'impression que le monde est divisé en deux couleurs et est teinté de bleu et de rose pour différencier les garçons des filles. Catalogues de jouets, publicités à la limite de l'érotisme qui "objectifie" directement la Femme, différences de prix pour le même produit à une couleur et un genre près... la grande distribution met l'accent sur ces stéréotypes de genre qui dessert l'inclusion sociale et renforce cette dichotomie créant aujourd'hui une réflexion sur nos choix de consommation. 

Une définition est à revoir, des inégalités de prix sont à bannir et c'est pour cela que Pépite Sexiste, une association qui lutte contre le sexisme ordinaire et les stéréotypes diffusés par le marketing, agit depuis cinq ans en relayant sur leurs réseaux ces faits qui sont implantés dans notre quotidien.

Auriane Dumesnil, l'une des co-fondatrices de Pépite Sexiste, nous livre son combat face au marketing genré, ses aspirations et ses objectifs pour sensibiliser puis éduquer davantage une population encore imprégnée de stéréotypes enracinés. 

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Hello Auriane ! Merci de partager un moment sur ce journal. Peux-tu m’en dire un peu plus sur toi, ton parcours et ce qui t’a amené à co-fonder « Pépite Sexiste » ?

Bonjour Anha, ravie d’échanger avec tes lecteurs et lectrices ! Je suis Auriane Dumesnil, cofondatrice de l’association Pépite Sexiste qui combat le sexisme ordinaire et les stéréotypes dans le marketing.

Il y a 5 ans, exaspérée par les publicités sexistes et la récupération marketing de la journée internationale des droits des femmes (8 mars), Marion Vaquero spécialisée dans le marketing, crée un compte Twitter pour dénoncer les dérives sexistes des marques. Emballées par le concept et persuadées de l’impact que cela pourrait avoir, on décide de créer une association spécialisée avec Charlotte, sa sœur. Et nous voilà embarquées dans l’aventure avec comme objectifs principaux de sensibiliser le plus grand nombre au sexisme ordinaire et faire bouger les lignes !

Militante écologiste et féministe depuis mes années facs, j’ai rejoint le projet pour encrer mon engagement et passer à l’action de façon concrète. Aujourd’hui je suis en charge du développement de l’association et je ne m’ennuie pas.

Il est vrai que sexisme a toujours été présent depuis l’enfance et que cela créé une certaine dichotomie sexe-genre souvent associée à des couleurs bien définies, est-ce que tu penses qu’aujourd’hui, la société change ou commence à évoluer dans le bon sens ?

C’est vrai que depuis les années 70 le marketing voit le monde de façon très binaire : rose pour les filles et bleu pour les garçons ! Et gare à celles et ceux qui voudraient transgresser les règles… Le problème n’est pas forcément la couleur mais le lot de stéréotypes qu’on lui accroche : les filles devraient porter du rose, jouer avec des poupées pour “faire comme maman”, être douce et bien élevée etc… Alors que les garçons ont plutôt tendance à être inciter à jouer avec des jeux d’actions, de sciences, être fort “comme papa” et ne pas pleurer. Très tôt nous sommes conditionné.es pour rentrer dans des cases, parfois même avant la naissance.

Heureusement cela tend à changer, les personnes sortent des cases, innovent et créent leurs propres identités sans se fier aux stéréotypes. Mais la société est lente à faire évoluer et le marketing ne joue pas toujours le jeu… Au contraire, on voit même une recrudescence de clichés notamment sur les réseaux sociaux avec les trends Gender Reveals, mais aussi le marketing ciblé qui perpétuent ces clichés d’une autre époque.

Eikimoze - "Auriane de Pépite Sexiste"

Quels sont les objectifs à venir pour l’association et comment sensibiliser davantage les personnes face au sexisme ordinaire ?

Nous aimerions sortir de plus en plus des réseaux sociaux pour pouvoir faire passer notre message au-delà des algorithmes. Nous multiplions les prises de paroles, les ateliers, les tables rondes surtout auprès des jeunes générations. L’important est de comprendre les mécanismes et les impacts que peut avoir le sexisme ordinaire sur notre société. Une fois que l’on sait, on ne peut qu’adhérer ! Le but est que nous grandissons toutes et tous dans une société égalitaire qui laisse la place à tous les individus pour s’exprimer et faire ses choix.

Nous souhaitons aussi travailler avec l’éducation nationale. L’école est un lieu d’apprentissage qui n’échappe pas aux stéréotypes, aujourd’hui encore il est important de rappeler aux enfants qu’ils et elles ont les mêmes droits et les mêmes perspectives d’avenir.

As-tu une anecdote personnelle liée à ce phénomène ?

Le sexisme ordinaire est partout, difficile d’en choisir une seule !

Quand j’étais petite j’avais commandé au Père Noël un circuit automobile pour jouer avec mes petites voitures, et mon petit frère avait demandé une table à repasser en plastique. Quand mes parents ont fait passer notre liste à nos grand parents, mon grand père est resté béat : il devait y avoir une erreur, pourquoi une fille jouerait avec des voitures et un garçon avec un fer à repasser ?! Le 25 décembre, nous avons finalement eu le droit à nos jouets mais je sentais qu’il n’était vraiment pas convaincu. Que risquons- nous ? Que mon frère sache repasser ou que je sache conduire une voiture ? Aujourd’hui j’en rigole, mais sur le moment je me suis posée beaucoup de questions.


Est-ce que les grands acteurs de la consommation – et donc influents sur le marketing – peuvent prendre l’initiative de changer les normes dans leur packaging, leurs panneaux publicitaires voire même leur slogan ou mise en scène en vous sollicitant par exemple ?

Ils ont un pouvoir énorme et nous avons besoin d’eux pour faire avancer les choses. Malheureusement la prise d’initiative reste minime… Nous avons corédigé une Charte pour plus de mixité dans les jouets avec le gouvernement et les acteurs du secteur. Elle incite les fabricants et les distributeurs à revoir leurs packaging, la disposition des rayons et les illustrations des catalogues de jouets. Une initiative qui va dans le bon sens mais les résultats mettent du temps à arriver de façon concrète sur le terrain.

Mais tant qu’il y a de la bonne volonté nous sommes là ! Nous sommes souvent sollicitées pour intervenir et former les équipes de communication et de marketing et nous le faisons avec plaisir. C’est en discutant et en échangeant que nous pourrons avancer et réduire les inégalités.

Et nous relevons aussi quelques “pépites positives”, de nouvelles façons de communiquer de façon inclusive qui brise doucement les stéréotypes de genre. Elles sont accueillies très positivement, la société française est prête pour plus de modernité.

Beaucoup prônent le féminisme et l’égalité des genres et des chances mais d’après toi, avons-nous tous la même chance de réussir malgré des codes encore bien enracinés ?

Non, en 2023 en France femmes et hommes ne sont pas égaux et n’ont pas les mêmes “chances” de réussites. La route est encore longue, et chaque crise (économique, sanitaire…) est source de recul pour le droit des femmes et des filles. Cela s’étend bien au-delà du genre évidemment, mais le plafond de verre est encore bien présent pour les femmes.

Mais j’ai bon espoir tout de même : petit à petit les voix s'élèvent, les portes s’ouvrent et les mentalités changent. Nous sommes sur le bon chemin.

La publicité – d’un produit ou d’un service – que tu aimerais créer à la façon « Pépite Sexiste » ?

Je rêverai de voir une pub pour yaourt qui ne donne pas automatiquement un orgasme à celle qui le déguste… Chez Pépite on est persuadée que l’humour est un levier fort pour faire changer les mentalités mais aussi tout simplement pour communiquer de façon efficace.

Mais plus généralement en 2023 j’aimerai que toutes les publicités excluent le sexisme, l’hypersexualisation du corps des femmes et les stéréotypes rabaissants !

Parlons influences culturelles, musicales ou cinématographiques : quelles sont les tiennes et celles de l’association ?

Un jour en faisant du tri dans ma playlist je me suis rendue compte qu’elle était composée principalement d’artistes masculins… même constat dans ma bibliothèque et sur mon disque dur. Loin de moi l’idée de faire un trait sur tout un pan de la culture sous prétexte que ces oeuvres avaient été réalisées par des hommes, mais cela m’a rendue plus ouverte à la découverte, plus curieuse et j’ai trouvé de nouveaux repères, des nouvelles façons de voir le monde et des récits qui sortent des sentiers battus. 

Aujourd’hui j’adore écouter des artistes comme Angèle, Aloïs Sauvage, Mathilde ou encore Just Shani car je me reconnais dans leurs paroles et elles me donnent la force de continuer mon engagement. Côté cinéma je dévore les biopics ou histoires qui mettent en avant les femmes fortes et parfois oubliées : “Annie Colère”, “Le procès de Bobigny”, “Comme des garçons” ou des blockbuster avec des personnages féminins forts (si si ça existe) comme ”Asking For It”.

Votre communauté sur les réseaux sociaux est vraiment engagée et vos actions ont un effet « boule de neige ». On a l’impression que les gens se reconnaissent et en ont assez de ces stéréotypes. Comment avez-vous enclenché ce mouvement ? Et souvenez-vous de votre tout premier post ? Comment a-t-il fonctionné et quel a été son effet dans un premier temps ?

Un des premiers posts à nous avoir fait connaître est un grand classique du genre : un centre commercial avait fait afficher un grand panneau pour la période des soldes “Seulement deux mots peuvent donner le sourir à une femme : Je t’aime et Soldes”. Sur les réseaux, les réactions ne se sont pas faites attendre, la presse s’est emparée du sujet et le centre à dû rétropédaler et présenter ses excuses. Nous nous sommes alors rendues compte que nous pouvions faire changer les choses directement grâce à notre communauté !

Une fois cette première pépite retirée, nous avons redoublé d’effort pour porter notre combat et avons été très soutenues. Aujourd’hui nous recevons des centaines de contributions par jour : en 2023 les gens en ont marre de ces communications clichées et rétrogrades. Et ça marche, la plupart des marques sont plus attentives et font tout pour éviter de se retrouver épinglées sur notre page.

@helloitsanha "Auriane, co-fondatrice de l'association"

Quelles initiatives pouvons-nous faire pour que les choses changent dans le marketing et la consommation de masse ?

Il ne faut pas hésiter à exprimer son ras le bol ! En magasin quand il s’agit de taxe rose par exemple (différence de prix entre un produit identique en fonction du genre du public cible) ou d’une publicité sexiste en tête de gondole, vous pouvez le signaler directement à l’accueil. Quand cela est possible, vous pouvez aussi choisir vos produits et marques en fonction des valeurs qu’elles portent et de ses agissements concrets pour une société plus juste. Ou alors envoyez-nous vos pépites, et on s’en chargera !

Mais la clé, c’est l’éducation dès le plus jeune âge : éduquons nos enfants loin des clichés ! A l’école, à la maison, partout nous devons leurs apprendre à repérer le sexisme, sortir des stéréotypes et leur laisser le choix de grandir comme ils et elles le souhaitent.

Un mot pour faire bouger les lignes ? 

Sororité ! Trop longtemps invisibilisées et mises en concurrence, nous avons parfois oublié que nous sommes 51% de la population mondiale ! Alors mesdames, serrez nous les coudes pour plus d’égalité.

Où pouvons-nous vous retrouver en « real life » ou sur le web ? 

Nous sommes sur tous les réseaux : Twitter, Instagram, Facebook ou Linkedin vous n’avez plus qu'à choisir votre plateforme préférée pour nous retrouver. Vous y retrouverez aussi toutes les dates des événements pour nous voir en chair et en os, et boire un verre avec nous !

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