Clap de fin pour le Festival de Cannes et les jurés de Ruben Östlund. C'était l'occasion de voir des films gratuitement enfin dans la mesure où l'application fonctionne ou que l'on ait réussi à avoir des tickets distribués par des gens qui voulaient directement entamer la soirée au lieu de s'enfermer dans une salle obscure remplie d'hommes en smoking et de femmes aux robes électriques.
Enchaîner 5 à 6 séances par jour, c'est une véritable marathon. Mais lorsque le festival fermera ses portes, est-ce que les aficionados du grand écran seront toujours prêts à mettre la main au porte monnaie pour regarder les films ?
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Oui : les abonnements font que les risques cinématographiques sont permis.
Depuis la réouverture des salles en milieu d'année 2021, les spectateurs retrouvent à nouveau l'odeur du pop-corn, le bruit des tickets qui s'impriment et les défauts des gens qui peuvent ruiner une séance.
Parfois, on peut être surpris par un film qui nous paraissait "nul" ou inintéressant. On a pris ce risque parce qu'avec l'abonnement proposé par les groupes comme UGC, Pathé-Gaumont ou encore MK2, – dont le prix s'élève entre 15 euros à 22 euros maximum par mois pour voir des films en illimité – est plus que rassurant.
On se retrouve devant le dernier film de Justine Triet, Anatomie d'une chute, notre Palme d'or (et notre Palme Dog) de cette année, ou encore celui de Kore-Eda, Monster. Même L'amour et les forêts de Valérie Donzelli peut intriguer et parfois irriter à cause d'un titre trop cliché ou cheesy alors que le métrage traite d'une relation toxique et de la tourmente du pervers narcissique.
Un large choix qui peut satisfaire les amateurs de cinéma qui veulent réellement l'expérience de la salle par rapport à celui du petit écran. Pendant quelques heures, on est plongé dans le film, l'histoire et oublie presque que nous avons un téléphone.
Julia Ducournau s'est exprimée au micro de Brut. à propos de l'expérience au cinéma et des sensations qui découlent lorsque l'on est projeté dans l'histoire.
Mais : trop cher pour un rencard, une sortie en famille et parce qu'ils préfèrent Netflix (son catalogue et son prix).
En période de crise où les familles privilégient leurs courses dans le supermarché qui offre des promos plus qu'alléchantes, les soirées entre copains qui se font en mode "Netflix and chill" et ceux qui ont perdu l'habitude de sortir et d'aller en salles, le cinéma connaît un drôle de pivot dans son histoire.
Tout est une question de prix : une famille de 4 personnes dépensera plus de 60 euros entre l'achat des billets et des "à côté". Notons que le prix du pop-corn est scandaleux. Mais aussi, le prix du ticket en lui-même qui est de 15 euros minimum. De quoi freiner les plus cinéphiles d'entres-nous et les récalcitrants qui veulent que le film soit une réussite afin qu'ils rentabilisent leur soirée et leur satisfaction personnelle.
Quand on pense aux années 60 où le prix du ticket était de 0,28 euro et qu'aujourd'hui, il a été multiplié par 35, on peut avoir des réserves. Certes, l'époque n'était pas la même : on peut évoquer la Nouvelle Vague qui a propulsé les films réalisés avec des bouts de ficelles mais d'autres qui ont eu un budget pharaonique comme celui de Cluzot avec Bardot ou Romy Schneider.
Aujourd'hui, les films coûtent extrêmement chers pour ce qu'ils envoient à l'écran. Okay, il faut rémunérer le producteur qui est le dernier a être payé après la "livraison" du produit ainsi que les distributeurs-exploitants, le coût de la salle du cinéma dont l'électricité qui fait tourner les bobines technologiques... On comprend tout ce système mais pensez-vous faire des films moins chers pour rendre davantage accessible le cinéma ?
Parce qu'au final, même s'il y a un pic de fréquentation pendant certains mois, notamment avec des blockbusters où l'on pose son cerveau pendant 90 minutes dont le Super Mario Bros qui régale un large public, peu de personnes sont curieuses de voir d'autres films, de sortir des sentiers battus surtout s'ils doivent payer un ticket plein pot.
Alors, le salle de cinéma se transformerait-elle peu à peu en amphithéâtre d'école de commerce où les inégalités se creuse et où l'accès à la culture ferait partie des grandes réformes des injustices sociales ? À voir.
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