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Eikomania

Le journal qui provoque le débat sur la société + les créateurs, qui se questionne sur le fait d'être acteur de ses propres stories et propose de ne pas être seulement un simple spectateur. Parce que la réalité dépasse souvent la fiction et que les histoires insolites existent ! Alors innovons et créons ensemble.

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Élodie Quach fondatrice de Youdy Apprentis : son parcours d'entrepreneuse post-Carrefour.

@eikomania.me x Anha S.L

🍴

Passionnée de gastronomie et leader dans l'âme, Élodie Quach, ancienne responsable de la Filière Qualité Carrefour se lance dans la vie d'entrepreneuse après avoir passé 11 ans dans ce grand groupe dédié au Retail que ce soit à l'échelle nationale et mondiale. 

Elle livre une interview inspirante qui pourrait inciter les indécis et les frileux à entreprendre et à développer un concept qui leur tient à coeur. Changer de vie, de se reconvertir professionnellement et de réaliser ses rêves, c'est possible à partir du moment où l'on décide de prendre les choses en main et c'est ce qu'Élodie, cette business woman en herbe, dans le coeur de la trentaine et en plein changements où la société a décidé de donner une seconde chance à ceux et celles qui veulent innover, nous parle aujourd'hui de ses enjeux, de son projet et de plaquer une entreprise pour laquelle, elle a donné corps et âme.  


🍃


🍓 Salut Élodie ! Merci d’être présente sur Eikomania et de nous parler de ton concept novateur. Parle-nous de toi et de ton parcours.

Bonjour Anha, merci pour l’invitation. J'ai 34 ans, je suis française d’origine sino-laotienne, ce qui m’a très tôt permis d’être ouverte d’esprit et curieuse de nature. Je viens d’une famille de restaurateurs qui m’a transmis l’amour de la gastronomie qu’elle soit française ou asiatique.

Suite à deux essais infructueux en médecine, et heureusement, vu mon aversion pour les microbes, je me suis par la suite spécialisée en ingénierie agroalimentaire, à l’Université Technologique de Compiègne (UTC). J’ai travaillé plus de dix ans dans le domaine de l’alimentaire, pour un grand groupe français.

L’amour de la cuisine m’a poussé à passer mon CAP cuisine il y a quatre ans. Cela m’a permis d’apprendre les techniques exigeantes de ce métier et le plaisir de cuisiner pour les autres, mais aussi un peu pour moi. Et c’est surtout cette expérience qui a été aux origines de mon concept. J’ai donc quitté en mars dernier l’entreprise dans laquelle j’étais pour me lancer sur ce projet que j’avais en tête depuis plusieurs années. J’ai enfin eu le courage de me lancer !

Aujourd’hui, je suis à cent pour cent dédiée à mon projet, sur lequel je suis ravie d’échanger avec toi.

🫐 On s’est rencontrées chez Carrefour enfin plus précisément lors du salon Carrefour France au Bourget. Quel est l’élément déclencheur qui t’a fait prendre la décision de te lancer dans cette aventure entrepreneuriale après ces 11 années dans cette boîte ?

J’ai toujours plus ou moins entrepris de manière tout à fait inconsciente à différents niveaux dans ma vie. Par exemple, au lycée déjà, mes copines et moi-même avions décidé de reprendre le club de danse. Nous élaborions des chorégraphies pour le spectacle de fin d’année, mais aussi et surtout nous dispensions des cours pour les élèves de l'établissement. Plus tard, en école d’ingénieur, j’ai créé une association : “cap & smile”. Le principe était de mettre en place la récupération de bouchons plastiques dans l’établissement.

J’avais donc installé des collectes qui nous ont permis de récolter des fonds que nous avons dédiés au centre de recherche de l’UTC pour les non-voyants.

Durant ma vie professionnelle, j’ai également créé avec des amis : “La Cab’in”, un photomaton montable et démontable pour des événements comme les anniversaires et les mariages. Nous faisions ça entre amis, c'était très ludique mais aussi très instructif. Dommage que nous ne l'ayons pas professionnalisé puisque c'était avant le boom des cabines ...

En parallèle, ma passion pour la cuisine m’a amené à vouloir passer mon CAP et à créer mon compte Instagram mb2d_by_elo pour y partager ma vie de foodie !

De manière plus triviale, durant le Covid, j’ai été à la fois “coach” sportive sur Whatsapp pour mes copines afin de rester active et en pleine forme malgré les confinements, tout en démarrant mon atelier de création de bijoux.

Tu l’auras compris, j’aime être occupée et apprendre de nouvelles choses ! Ainsi, lorsque ma boîte a proposé un troisième plan de départ en 11 ans, j’y ai vu une incroyable opportunité pour me lancer dans un projet que je mûrissais déjà depuis un moment et sur lequel j’avais commencé à travailler en parallèle. Évidemment, cela a été loin d’être simple pour moi de quitter le confort dans lequel je m’étais établie puisque j’ai toujours eu le leitmotiv familial :

Fais tes études et 
trouve un bon travail  

très présent dans mes choix de vie. Il m’a fallu une bonne dose de courage et de réflexion pour prendre ma décision pour réaliser mon projet.

Je dois tout de même avouer que lorsque j’ai parlé à ma mère de mon projet, j’en avais les larmes aux yeux. Elle m’a évidemment soutenu dans ce projet et est aujourd'hui l’une de mes plus grandes clientes et celle qui a donné le nom à ma plateforme “youdy” qui veut dire “bien-vivre” en laotien.


🍉 Penses-tu qu’il est difficile de monter son entreprise et finalement se reconvertir après une expérience dans un grand groupe ?

Ayant dans mon entourage des entrepreneurs, je connaissais les difficultés. C’est d’ailleurs pour cela que je n'avais jamais imaginé me lancer un jour. Travaillant beaucoup, j’avais peur de ne plus réussir à dissocier ma vie privée de ma vie professionnelle. C’est pourquoi, il m’a fallu beaucoup de temps et de maturité pour être prête à franchir le cap.

J’avais en tête la charge de travail mais pas forcément toutes les démarches et les frais associés. Être entrepreneur permet d’avoir une liberté de timing et n’avoir de compte à rendre à personne. Mais étant très exigeante envers moi-même, il faut réussir à doser un peu. Seule je ne peux pas tout faire, mais je me donne à fond pour que ça puisse fonctionner.

Mon expérience dans un grand groupe me facilite en fait beaucoup les choses. J’ai occupé plusieurs fonctions dans le secteur alimentaire : 

☀️ responsable qualité, 
🥛 négociatrice/chef de produit
🥫 category manager
🥡 responsable de marque
🍽 responsable offre

Cette expérience m’a permis d’acquérir les compétences et l’assurance que je peux maintenant mettre au service de Youdy et ainsi accompagner de jeunes apprentis. Carrefour est une très bonne école, comme j'ai l'habitude de dire. 

Toujours en recherche d’apprentissage, je me forme à l’entreprenariat grâce à Empow’her et j'intègre fin août l’Essec/Centrale Supélec pour un mastère entrepreneurs. J’ai également utilisé mon CPF pour me former au codage via La Capsule.

@helloitsanha x Eikimoze


🍋 Comment t’es venue l’idée de Youdy – à savoir une appli qui peut mettre en relation des apprentis qui sont des professionnels en devenir avec des particuliers afin de proposer des services à moindre coût – ?

En parallèle de mon travail, j'ai passé mon CAP cuisine en 2018 à l'aide d'une formation en ligne : l’atelier des chefs. Une formidable expérience, que j'ai pu valider en pratiquant à la maison : préparation de plats, dîners organisés pour que l’on puisse me donner un retour et m’aider à progresser. Cette pratique nécessaire si l’on veut réussir l’examen a été faite intégralement à mes frais (achat de matériel de cuisine et ingrédients) et a représenté un investissement important. J'ai pu heureusement compter sur mon entourage pour m’aider financièrement, mais tous n’ont pas cette chance.


À l’heure où le monde du travail est en pleine évolution et où nous sommes en quête de sens, certains de mes amis se sont récemment reconvertis professionnellement et font le même constat que moi quatre ans plus tôt : pratiquer pour valider son diplôme est compliqué et coûteux.

Partant de cela, je me suis rappelée que plus jeune, n’ayant que peu de moyens pour avoir accès à des prestations de qualité, j’allais me faire couper les cheveux dans une école de coiffure où des apprentis s’entraînaient. Ma coupe me revenait à 4€ de mémoire (les prix ont un peu évolué de nos jours), et la personne qui me coiffait perfectionnait sa technique tout en se mettant au contact d’un vrai client. En réalité, les meilleures coupes que j’ai pu avoir sont celles faites en école de coiffure car les apprentis sont très investis et le professeur est présent pour les accompagner.

De part mon éducation, j’ai développé naturellement le côté économe et la recherche de bons plans.

Mon constat : d’un côté des personnes en apprentissage ayant besoin de s'entraîner chez eux ou à l’école. De l’autre, une population n’ayant pas forcément de pouvoir d’achat pour se faire plaisir. 


“ Tout le monde ne peut pas 
s’offrir le luxe d’aller 
au restaurant,  chez le coiffeur, 
chez l’esthéticienne ou de 
se payer un massage !  

J’ai alors songé à toutes les plateformes que j’utilise dans mon quotidien pour me faciliter la vie : commande de taxi, réservation de restaurant avec réductions, réservation de soin, etc… Le tout m’a donné l'idée de créer une plateforme répondant aux besoins des apprentis de pratiquer et aux particuliers clients de pouvoir accéder à des services à prix très attractifs.



🧀 Depuis quelques années, l’apprentissage gagne du terrain. Penses-tu que c’est une nouvelle alternative pour apprendre et connaitre davantage son futur métier ?

Pas une alternative, un passage obligé pour les métiers manuels qui amènent à du service au consommateur final. Comment peut-on être un cuisinier confirmé si on a jamais fait de recettes et surtout récolté des avis et du feedback ?

En réalité, pour tout apprentissage, cela permet de connaître le monde du travail dès le plus jeune âge. A l’UTC, nous avions deux stages de 6 mois et ma vision a beaucoup évolué lors de ce premier stage. C’est via ce premier stage que j’ai vraiment compris comment appliquer certains cours. Beaucoup de choses d’ailleurs ne peuvent pas s’apprendre en école, il n’y a que l’expérience terrain qui permet d’affûter ses compétences et d’apprendre un métier concret.

🍅 Avec les réseaux sociaux, il est plus facile de communiquer et d’avoir une vitrine médiatique. Comment gères-tu le développement de ton application et donc celui de ta clientèle ?

Les réseaux sociaux sont un vrai plus. C’est une formidable opportunité de me faire connaître et de mettre en avant les services proposés. D’ailleurs, n’hésitez pas à ma suivre sur instagram @youdy_apprentis.

J’ai déjà une petite expérience avec mon compte @mb2d_by_elo mais c’était un compte à titre personnel ce qui n’est pas la même chose. Sur youdy, je fais l’ “instagrammeuse”, étant seule, je suis comme on dit “au four et au moulin” mais c’est très formateur et j’aime beaucoup.

Je communique donc beaucoup sur instagram, relié à facebook et je dois me mettre sur TikTok mais je n’ai pas encore franchi le cap.

Côté plateforme, j’ai développé un site internet responsive (adaptable ordinateur et smartphone) où les clients peuvent réserver leurs prestations.

Afin de passer à l’étape supérieure, je suis en train de travailler sur une version évoluée du site et je collabore avec un “apprenti” en formation codage pour la version beta. Anthony Lucher, c’est un ancien de Carrefour également. On utilise donc le principe de Youdy pour faire le développement de l’application. Il se forme grâce à mon projet et moi j’ai un site “prix coûtant" grâce à lui.


🧃Parlons un peu société : Il y a de plus en plus de Femmes qui lancent leur concept et leur start-up. As-tu une inspiration ou une entrepreneuse qui t’a confortée dans ton choix ?

J’en ai beaucoup à vrai dire, et qui sont dans mon entourage proche ou à un degré de moi. Certaines travaillent en société mais sont vraiment dédiées à leur entreprise : Lucie Bash (Too Good To Go France), Anna Kurnatowska (Too Good To Go Pologne), Paola Dienot (Printemps). Anna et moi avons commencé ensemble à Carrefour, elle a gravi rapidement les échelons en passant par d’autres pays et ai maintenant country manager pour “Too Good To Go” en Pologne.

Ma cousine Malysone Bovorasmy également, qui a quitté son poste de cadre pour devenir scénariste. Elle a eu raison puisque son premier film a reçu le césar du “meilleur premier film” et plusieurs nominations. Si vous ne l’avez pas vu, il s'appelle “DEUX” et devrait repasser à la TV. Venant de la même famille, elle m’a aidé à dépasser le frein familial que je me mettais. Nos parents ont quitté leur pays à cause de la guerre et rêvent d'un métier stable pour leurs enfants.

Bref, beaucoup de femmes fortes et déterminées dans leurs métiers, qui entreprennent, et qui sont pour moi des modèles que j’ai plaisir à suivre.

🌽 Quelles sont tes perspectives pour l’avenir ? 

Oulà, j’en ai à foison ! D’abord, un site beta me permettant de pouvoir agrandir les services et les zones géographiques.

Pour le reste: 
– Passage en application smartphone 
– Partenariat avec des écoles : je suis d’ailleurs invitée à présenter Youdy à la remise des diplômes des CAP de l'ateliers des chefs en septembre 
– Partenariat avec des marques, groupe: pourquoi pas Carrefour

Plus tard, exporter Youdy dans d’autres pays. 

🌻 Où vois-tu Youdy dans quelques années ?

Cela va peut être paraître ambitieux, mais il faut savoir rêver grand. Je vois Youdy comme la plateforme phare du service des apprentis. Le Blablacar, le Doctolib, le Airbnb des apprentis 🌞

Et comme je l’ai déjà dit, être présente à l’étranger. D’abord dans des pays avec une culture et un mode d’éducation proche de la France, comme la Belgique, l'Espagne ou l’Italie et puis pourquoi pas dans d’autres continents ! 

@helloitsanha x Eikimoze



🥦 Quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaite se lancer ?

Savoir bien s’entourer, c’est très important ! Trouver des soutiens amicaux, familiaux et s’inscrire dans des associations/formations entrepreneuriales. Je remercie vraiment les personnes qui m’aident sur différents sujets !

Un bon outil permet de vérifier sa légitimité avant de se lancer : Vianeo. C’est une méthode de business design basé sur l’effectuation. Elle permet à tout entrepreneur ou innovateur de structurer, consolider, partager et valider son projet à partir d’un certain nombre de moyens à sa disposition. Je le recommande vivement.

Il faut surtout faire sa veille concurrentielle et de marché : questionner les différents acteurs, les possibles clients… Et enfin faire son business plan

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