@eikomania.me x Anha S.L |
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En 2016, Damien Chazelle a dépoussiéré le genre très particulier de la comédie musicale. La La Land étant théoriquement son troisième long-métrage, ce talentueux réalisateur s'est replongé dans ses aspirations les plus profondes pour nous pondre un chef d'oeuvre digne des plus grands films de Jacques Demy qui est par ailleurs, son père spirituel.
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La La Land reprend les codes et l'esthétisme des plus grandes comédies musicales américaines ou françaises. On pense directement à West Side Story, Singin' In The Rain, Grease et Les Parapluies de Cherbourg qui fait son petit caméo dans l'une des séquences de ce métrage.
Dans cette foule, il y a des talents mais qui ne sont pas mis dans la lumière et qui mettent des mois voire des années pour réussir ne serait-ce qu'un casting. C'est le cas de Mia (Emma Stone) et de Sébastian (Ryan Gosling). Elle, est actrice, un peu rêveuse. Lui, pianiste totalement mélancolique et frustré.
Parfois, les destins se lient, se croisent et forment des duos. Mais lorsque l'on est artiste, nous sommes prêts à tout pour y arriver, quitte à sacrifier sa vie personnelle et passer à côté du véritable "bonheur". Cependant, si au final, c'était ça, le bonheur ? D'être reconnu.e ce pourquoi l'on a bossé pendant des décennies.
La gloire, le succès, l'amour : il y a toujours un prix à payer tôt ou tard. Généralement, conjuguer la vie personnelle avec la vie professionnelle est un processus assez compliqué. C'est possible à partir du moment où l'on accepte de vivre cette tendance en up and down. C'est accepter également que l'autre peut réussir à un moment de sa vie et que nous, nous stagnons. Mais parfois, cela peut-être le cas inverse.
Cette battle d'égos nous fait des siennes et parfois, nous ne sommes plus sur le même accord. La relation entre Mia et Sébastian s'effrite au fur et à mesure du temps. Faire des choses dans le milieu qui ne nous correspondent pas mais qui nous permettent de vivre est plus que fréquent.
Ce métrage offre plusieurs lectures : la solitude, le sacrifice, l'amour impossible et l'art qui n'est en réalité qu'une illusion bien ficelée où l'on ne peut même pas être acteur ou actrice de notre propre vie.
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The City of Stars : La mélancolie et le sacrifice d'être artiste.
Artiste, c'est un grand mot. Tout le monde peut l'être ou plutôt beaucoup de gens prétendent l'être mais ne vont pas jusqu'au bout des choses. Damien Chazelle met en scène deux étoiles qui partagent un moment de vie mais qui finalement se séparent dans cette galaxie infinie pour tracer leur route.
Les étoiles sont nombreuses mais elles peinent à se démarquer. Il y en a des plus petites, d'autres plus conséquentes qui finissent par être en haut de l'affiche pendant un temps puis qui s'éteignent comme ça, sans prévenir.
Jordan Horowitz, l'heureux et fantastique compositeur de La La Land, mélange mélancolie et romantisme dans "City of Stars". Une séquence où Ryan Gosling plane et se prend pour Gene Kelly dans Chantons Sous La Pluie.
Parfois, l'art et ici, le cinéma et la musique, nous rendent tristes. Tristes d'être impuissants face à une industrie géante qui souvent nous dépasse. Mia retourne chez ses parents, abattue pour se replonger dans ses souvenirs d'enfance et oublier sa vie à Los Angeles d'actrice ratée. Tandis que Sébastian essaye de la convaincre – et de se convaincre lui-même – que le succès est au bout du chemin et qu'il suffit d'une petite étincelle pour que l'avenir lui ouvre les bras.
Un succès et une notoriété grandissants peuvent nous faire oublier d'où l'on vient et qui l'on a fréquenté auparavant.
La séquence finale en dit long sur notre société : Sébastian a arrêté de faire de la musique industrielle qui le réduisait à un simple pianiste quasi invisible dans un groupe aussi grossier qu'à la "Swimming Pool Party" du début du film et a réalisé son rêve en ouvrant son club de jazz. Il a par ailleurs repris le nom et le logo que Mia, son ex petite-amie, avait dessiné pour lui.
Tandis qu'elle, a une vie rangée : enfant, mari cool mais barbant, carrière internationale, portrait dans les rues de L.A – son image a remplacé les billboards de son idole qui à l'époque était affichée en grand dans sa chambre –... Mais lorsque Sébastian joue les dernières notes, elle s'imagine leur vie ensemble.
Pourquoi sommes-nous réduits à quitter ceux que l'on aime ? À avoir des remords de ne pas essayer de se projeter avec notre binôme de galère ? Pourquoi se séparer alors que l'on sait que tôt ou tard, qu'on récoltera le fruit de notre travail ? Sûrement parce que l'on souhaite les choses de façon immédiate et que les discordes, le poids d'être un "boulet" pour l'autre, le regard pesant des bureaucrates font qu'il y a comme une incompatibilité entre des êtres en perpétuelle compétition mais qui pourtant se ressemblent.
C'est la dure loi de la réussite sociale. Mais alors : le cinéma ou la musique nous prendrait tout même et à chaque fois "the love of our life" ? Sûrement.
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Vidéo : Damien Chazelle a voulu rendre hommage aux comédies musicales de sa jeunesse. Une monteuse a fait un splitscreen pour montrer les différents films dont il s'est inspiré pour tourner et mettre en scène La La Land. Un beau collage de séquences mais qui malgré tout fait en sorte que cela reste une oeuvre authentique qui a marqué les esprits.
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